Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Traitement de l'infarctus du Myocarde, la discrimination sexuelle existe!

Voilà une étonnante étude qui paraît dans la très sérieuse revue "New England Journal of Medicine". Il semble logique de croire que face à un problème médical grave, la prise en charge thérapeutique est mise en oeuvre de la même façon quel que soit le sexe du patient, du moment que les données médicales sont comparables. Il n'en est rien ....


Une équipe de chercheurs américains a conduit une très large étude, portant sur 140 000 patients ayant eu un infarctus du myocarde (IDM) aigu (communément appelé crise cardiaque) sur l'ensemble du territoire des Etats-Unis. Les patients ont plus de 65 ans et les deux sexes sont également représentés. Ils ont analysé les moyens thérapeutiques mis en oeuvre chez les patients présentant un même tableau, en fonction de leur sexe.

Les résultats ne sont pas à l'avantage des femmes ! Chez les candidats à un cathétérisme cardiaque diagnostic, les femmes sont moins susceptibles d'en bénéficier, et ce d'autant plus qu'elles sont plus âgées. Ceci est préjudiciable en terme de mortalité.

Du point de vue thérapeutique, les femmes ont moins de chance de bénéficier d'un traitement thrombolytique (-3%) et quand elles en bénéficient, sa mise en route est plus lente. Les différences ne s'arrêtent pas là ! Elles ont 6 % de chances en moins de recevoir de l'aspirine dans la première journée qui suit leur IDM et 5 % de chances en moins à leur sortie de l'hôpital : il s'agit pourtant d'un traitement efficace, classique et pas cher ! Une des différences les plus notables porte sur les consignes de réanimation : les femmes ont 26 % de chances en plus que les hommes de voir inscrit sur leur dossier une consigne de non-réanimation ! Certes, elles sont en moyenne plus âgées que les hommes, mais par ailleurs, elles sont moins gravement atteintes.

Les chercheurs sont surpris de cette discrimination existante entre la prise en charge des femmes et des hommes en présence d'un IDM aigu. En dehors de la mise en place des moyens diagnostics et thérapeutiques, la différence la plus flagrante réside dans les consignes de non-réanimation, nettement en défaveur des femmes.

D'autres études devraient préciser d'où provient cette demande de non-réanimation : est-elle le fait des patients, dépend-elle du sexe du praticien ?