Par Le National
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Certains gays peuvent devenir hétérosexuels, selon une étude

(AP) -- Une nouvelle et explosive étude, menée par le département psychiatrie de l'Université Columbia de New York, affirme que certains homosexuels peuvent devenir hétérosexuels, s'ils le souhaitent vraiment.

Les conclusions de cette étude, sous la direction du professeur en psychiatrie Robert Spitzer, risquent de faire du bruit et de déclencher une nouvelle polémique aux Etats-Unis. Elles vont en effet à l'encontre de l'avis de la majorité des organismes de santé, qui estiment qu'on ne peut modifier les orientations sexuelles, et que les soi-disant ''thérapies réparatrices'' peuvent s'avérer dangereuses.

Un détracteur de cette étude souligne également que bon nombre des 200 ''ex-homos'' y ayant participé avaient été envoyés par des organisations religieuses condamnant l'homosexualité...

Selon Robert Spitzer, qui ne fourni pas d'estimations en pourcentage, ses recherches montrent en tous cas ''que certains gays peuvent devenir hétérosexuels'', et qu'il ''ne faut pas le négliger''. Il devait présenter les résultats de sa recherche mercredi à la Nouvelle Orléans, devant l'Association psychiatrique américaine (APA).

Cette question sulfureuse est chaudement débattue depuis des années aux Etats-Unis, par la communauté scientifique et par les groupes religieux, dont certains affirment que les homosexuels peuvent ''rentrer dans le droit chemin'', via la prière et l'écoute.

Mais la majorité des responsables de la santé notent qu'on ne sait pas ce qui détermine l'orientation sexuelle d'un individu. Les théories liant homosexualité et problèmes familiaux ou perturbations dans le développement psychique n'ont pas lieu d'être. Selon l'Association psychologique américaine l'orientation sexuelle provient d'interactions complexes, incluant des facteurs biologiques, environnementaux...

Le Dr Spitzer avait été l'un des promoteurs de la suppression par l'APA de l'homosexualité comme ''désordre mental'', en 1973. A l'époque, il appelait déjà à de nouvelles recherches pour déterminer si l'orientation sexuelle d'un individu peut être modifiée.

Se qualifiant de sceptique, Spitzer explique avoir interrogé par téléphone 200 personnes, parmi lesquelles 143 hommes, d'un âge moyen de 43 ans, qui affirmaient être devenus hétérosexuels après avoir été homosexuels. Ils ont répondu à un questionnaire d'environ 60 questions sur leurs comportements et sentiments sexuels, avant et après leurs efforts. Ces efforts avaient commencé environ 14 ans avant l'enquête pour les hommes, 12 ans pour les femmes.

La plupart disent avoir eu recours à différents moyens pour ''changer'', et la moitié disent avoir été très aidés par des professionnels de la santé mentale, la plupart du temps des psychologues.

Le Dr Spitzer en conclut que 66% des hommes et 44% des femmes ont abouti à ce qu'il qualifie de ''bon fonctionnement hétérosexuel''. Compris comme le fait d'avoir une relation amoureuse hétérosexuelle suivie dans l'année écoulée, avec une composante émotionnelle satisfaisante (notée au moins sept sur une échelle de dix), faire l'amour de manière satisfaisante au moins une fois par mois avec ce partenaire de l'autre sexe et ne jamais ou presque penser à une personne de son sexe pendant l'acte.

De plus, 89% des hommes et 95% se disent à peine ou pas du tout dérangés par des sentiments homosexuels indésirables, même si seul un petit nombre dit n'avoir absolument plus de ces ''indicateurs homosexuels''.

Le psychologue Douglas Haldeman, de l'Université de Washington, n'est pas convaincu par cette étude, estimant qu'elle ne prouve rien. Il note que les participants sont inhabituellement représentatifs des conservateurs religieux, et ont été traités par des thérapeutes ''avec de forts préjugés anti-homosexuels''. ''Ce genre de participants peuvent penser qu'être homosexuel est mal, et se sentir poussés à dire qu'ils ne le sont plus'', ajoute-t-il.

Quelque 43% des membres de l'échantillon ont été adressés à Spitzer par des pasteurs ''ex-gays'' qui proposent des programmes aux gays souhaitant changer. Selon Haldeman, ces organisations sont financées par les extrémistes religieux. Vingt-trois pour cent des autres ont été envoyés par l'Association nationale pour la recherche et la thérapie de l'Homosexualité, dont la plupart des membres considèrent l'homosexualité comme un déréglement mental.