Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Le harcèlement moral: Description des pervers!

Par Alain Noury

Avant de parler des personnalités de pervers, j'aimerai mentionner les comportements employés lors du harcèlement selon le sexe du harceleur. Ces statistiques proviennent du travail de Heinz Leymann (consulter The Mobbing Encyclopaedia, son livre Mobbing Ed Seuil) et sont relatées dans le travail du Dr Manuelle von Strachwitz .

Hommes harceleurs: 1. Modifier incessamment les tâches professionnelles attribués à la victime 2. Le menacer verbalement 3. Ne plus lui adresser la parole 4. Agresser ses convictions politiques et religieuses 5. Isoler son poste de travail 6. L'interrompre de façon incessante 7. Le contraindre à des tâches humiliantes

Femmes harceleuses: 1. Tenir des propos désobligeants concernant la victime à l'insu de celle-ci 2. La ridiculiser en public 3. Propager des rumeurs non-fondées 4. La priver de toute possibilité de s'exprimer 5. Se gausser publiquement d'une éventuelles infirmité, d'un travers 6. Procéder par allusions, sans jamais parler ouvertement 7. Faire pression en critiquant sans arrêt son travail

Personnellement, je n'ai pas trouvé de différences "sexistes" significatives dans les procédés utilisés. Dans "J'ai un patron psychopathe", Isabelle Mercier et Monique Osman décrivent quelques "tactiques" de pervers (la description ci-dessous respectera bien sûr la règle du simple extrait à titre d'exemple). Vous trouverez l'intégralité du texte dans leur livre (voir biblio). Il faut savoir aussi que, malgré que leur livre soit plus axé sur le patronnat, les descriptions données correspondent à tous les types de harceleurs (collègues, parents, etc...). Lilian Glass (voir biblio) recense 30 types de toxiques, dont la plupart ne sont que de simples casse-pieds (et on est tous le casse-pieds de quelqu'un d'autre), mais dont certains types pourraient facilement glisser vers le harcèlement. Une autre caractéristique qui revient souvent est la séduction. Le pervers sait généralement se faire bien voir de la majorité ambiante par une politique de petits cadeaux qui, parfois, ne lui reviennent pas chers. Il connait les besoins de chacun et ce qu'il est capable d'offrir et sait tirer profit de la table de correspondance en se présentant comme seul intermédiaire.

Certains sites parlent de personnalité floue des pervers, d'autres d'une personnalité-type. Floue n'est pas le terme adéquat. Les pervers, comme indiqué plus bas, ont chacun leur motivation et leur propre manière d'agir, mais ils ont quelques caractéristiques communes comme de ne pas éprouver de remords du mal qu'ils peuvent faire. Cela peut être par égoïsme, mais cela peut être par désir de vouloir rendre la justice eux-mêmes, avec toutes les dérives que peuvent entraîner les notions de bien et de mal basées sur des concepts totalement personnels ou sur des données fausses comme les commérages.   

Il est facile aussi de constater que nous vivons dans une société violente et que ceux qui veulent appliquer à leur vie un minimum de règles morales sont des victimes toutes désignées par rapport à ceux qui ne respectent rien. Ceux qui conduisent savent qu'ils doivent être doublement prudent pour éviter de faire un accident: éviter eux-mêmes de commettre une faute et prévenir la faute d'autres conducteurs qui ne respectent pas le bon sens élémentaire. Réfléchissez à combien de fois une voiture vous a doublé pour se rabattre immédiatement devant vous et prendre une voie de sortie à droite au lieu d'attendre sagement derrière? Ailleurs que sur la route, on retrouve le même genre de problème et le même genre d'individus qui ne se soucient pas des conséquences de leurs actes. 

Plutôt que de citer des exemples réels avec des lettres pour les prénoms, j'ai choisi de relater les techniques les plus couramment employées, quitte à montrer dans quel contexte elles sont employées. Bien sûr, les techniques décrites ci-dessous ne sont ni exhaustives, ni utilisées seules. Un pervers pourra en utiliser plusieurs pour déstabiliser sa victime.

Technique de l'indifférence:

Cette technique consiste à offrir un mur d'indifférence à victime, pour déclencher une réaction violente de celle-ci, ce qui lui permettra d'inverser les rôles, de passer pour la victime et ainsi de se faire aider par les témoins n'ayant pu constater que l'agressivité de la vraie victime.

Un exemple parmi d'autres est  de refuser de dire bonjour à la victime, lorsque celle-ci est seule (pas de témoins). Bien sûr, cette manière de procéder est répétée plusieurs jours de suite pour qu'il ne puisse subsister aucun doute dans l'esprit de la victime. Il s'agit là d'une technique perverse ultra-courante consistant à pousser la victime à  commettre des actes qui seront réprouvés par l'assemblée, tout en se faisant passer soi-même pour la victime. Exemple, si la victime se trouve dans une pièce, le harceleur viendra saluer d'autres personnes dans une autre pièce proche de la victime en lui montrant ostensiblement qu'il est là et qu'il la traite par l'indifférence, donc par le mépris. La répétition sur plusieurs jours démontrera qu'il n'y a pas de doute possible, surtout qu'il accélérera le pas lorsque la victime est derrière lui et cherche justement à la saluer dans le but de désamorcer le processus. C'est une technique utilisée par des pervers fourbes, dans la mesure où l'entourage n'est pas en mesure de percevoir les enjeux. On retrouve là toutes les phases d'un harcèlement. On cherche à blesser la victime sans se faire repérer par l'entourage dans le but d'obtenir une réaction qui elle, sera perçue par l'entourage, placera la victime dans la position où elle sera désapprouvée par les témoins (et ceux à qui on racontera la partie visible des faits). Le pervers ayant réussi à se faire passer pour la victime, il n'a plus qu'à augmenter la pression du groupe sur la vraie victime et le harcèlement peut démarrer. Il faut noter qu'il y a préméditation et contrôle parfait de la manière dont la situation peut évoluer. On comprend bien aussi que la seule manière de désamorcer avant que la situation ne devienne incontrôlable réside dans le "lâcher-prise", c'est à dire à volontairement ne pas réagir aux attaques quotidiennes. Mais cette parade n'est possible que par ceux qui, soit disposent du caractère adéquate, soit connaissent déjà comment peut démarrer un harcèlement moral parce qu'ils en ont déjà été les victimes. 

Technique du mensonge:

Cette technique consiste à déformer ce que dit la victime et à lui prêter des pensées qui ne sont en fait que celles que le pervers veut faire attribuer à la victime. Il s'agit là d'un pervers intelligent car son argumentation doit apparaître à l'auditoire comme logique et convaincante. Cette technique s'allie souvent à celle de la récupération de ragots et consiste cette fois-ci à déformer  les paroles et actes de la victime dans le sens d'un ragot circulant sur la victime, que l'auteur en soit le pervers ou non. 

Technique de la plaisanterie:

La technique consiste à faire passer des messages négatifs sur la victime sur le ton de la plaisanterie.

Technique du commérage:

La commère adore répandre des rumeurs, voire déformer celles qu'elle récolte et éventuellement en inventer. Sa motivation profonde est de se faire accepter et de paraître importante. Ne pouvant l'être de par sa propre nature, elle se sert des rumeurs pour le devenir. Bien sûr, elle en dit peu sur elle-même et ne supporte pas quand elle devient elle-même l'objet d'une rumeur. Les ragots les plus couramment utilisés sont à caractère sexuel (la victime est nymphomane, a réussi en couchant, est homosexuel(le),etc.) et/ou atteinte psychiquement (est dépressif(ve)). Personne n'en vérifie jamais le bien-fondé, mais tout le monde les répètent.

Bien que le texte soit mis au féminin, et que Heinz Leymann définit la rumeur comme un comportement employé essentiellement par des femmes, j'ai retrouvé ce comportement chez beaucoup d'hommes. Leur phrase préférée pour se justifier de propager des commérages est "il n'y a pas de fumée sans feu". Sauf qu'en étant un relais ou le départ, il deviennent en même temps  fumée et  feu (récepteur et émetteur du même commérage). Il suffit donc effectivement d'une personne mal-intentionnée au départ ou d'une personne qui a mal interprété une parole ou une action pour qu'une fausse réputation se propage d'un individu à un autre.

Les rumeurs ont ceci de particulier qu'elles ont la vie plus dure que les vérités et qu'elles se diffusent plus facilement. Ainsi, la rumeur d'Orléans prétendait que les cabines d'essayage des marchands de vêtements étaient équipées de trappes, que les jeunes femmes étaient ensuite conduites dans un sous-marin naviguant dans la Loire qui les emmenaient pour la traite des blanches. Un sous-marin dans la Loire, cela devrait faire sourire tout le monde. Et bien pourtant, la rumeur a duré tellement longtemps que nombre de commerçants ont fait faillite et que d'autres ont eu du mal à s'en relever.

Une autre rumeur, qui relève du cas de harcèlement moral, concerne la chanteuse Sheila. Accusé d'être un homme, la rumeur continuera malgré son mariage et malgré qu'elle ait été enceinte (les mauvaises langues prétendront qu'il s'agissait d'une poche d'eau et que l'enfant qu'elle aura a été adopté. Résultat, éprouvée et éc¦urée, elle quittera le monde du spectacle pour s'isoler. Elle n'est pas la seule à avoir eu à subir ce genre de calomnies puisqu'une certaine presse vit uniquement d'articles de cette catégorie. Bernard Giraudeau traîne derrière lui une réputation d'homosexuel pas plus méritée. Quant à Isabelle Adjani, elle viendra s'expliquer sur un plateau de télé sur une rumeur circulant sur elle comme quoi elle serait atteinte du SIDA. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. Je pense que le film "Le placard" est conforme à la réalité. Il suffit qu'une personne soit soupçonnée d'une chose ou d'une autre pour que le regard des autres change à son sujet, sans que la personne ait changée d'un poil. Je pense que je rajouterai un jour quelques liens sur des sites consacrés aux légendes urbaines.

Une autre manière de harceler pourra donc être de faire courir un bruit sur la victime. A un certain stade, plus personne ne connaît l'émetteur du bruit, donc si un individu a le transmet ne serait-ce qu'à deux autres  individus b et c, celui-ci va être transmis à de nouveau à d'autres personnes et reviendra aux oreilles de b et c qui en déduiront que ce bruit était vrai puisqu'ils en entendent parler de nouveau par quelqu'un d'autre que b et c y trouveront une sorte de justification de leur acte sans se rendre compte qu'ils servent les intérêts de a. La personne qui en est victime ne pourra pas se justifier car il faudrait démontrer à chaque personne individuellement qu'elle se trompe. La réputation perdurera donc même avec le départ du ou des pervers car il n'existe pas de moyens de lutter contre les rumeurs. 

La psychologie sociale théorique et expérimentale (voir biblio) enseigne que moins on a de possibilités de mettre à l'épreuve ses opinions par observation des conséquences physiques, plus on tend à faire confiance à la confirmation sociale pour décider de ce qui est juste et valide. Et même dans le cas où on peut faire l'épreuve physique de la réalité (exemple un enfant peut constater qu'un poêle dont on  lui a dit qu'il brûlait brûle effectivement), on accepte souvent la réalité sociale parce qu'elle est plus rapide. Transposé à l'échelle du commérage, cela explique que les commérages non vérifiables sont ceux qui sont exposés à être diffusés à la plus grande échelle sans que personne ne vérifie jamais et pourquoi au bout d'un certain temps tout le monde répète les mêmes âneries. 

La rumeur est une technique très dangereuse pour la victime car même dans le cas du départ du harceleur, la rumeur pourra être récupérée par d'autres personnes.  

Technique de l'hypocrisie:

Avec un(e) ami(e) comme lui (elle), qui a besoin d'un(e) ennemi(e)? Considéré(e) comme la plus toxique dans la galerie de portraits de Lilian Glass. Rien ne peut plus blesser que d'avoir été trahi par quelqu'un en qui on avait confiance. Ces personnes se prétendent vos amies et vous poignardent dans le dos à la première occasion. Elles utiliseront les confidences que vous leur aurez fait au moment où vous vous y attendrez le moins.

Méfiez-vous du téléphone! Soit ce genre de personne vous parlera fort en vous nommant. Ne vous en étonnez pas, quelqu'un est probablement à côté d'elle et elle souhaite lui faire parvenir le message. Soit elle mettra l'amplificateur en route et prétendra qu'il y a de l'écho sur la ligne. En fait, votre conversation sera diffusée par ce biais à d'autres. Il lui suffira, si vous êtes en confiance, d'aiguiller habilement la conversation sur des sujets compromettants pour vous faire mettre à dos non seulement ceux qui ont bénéficié de la conversation, mais leurs amis. Un autre moyen peut être de venir vous voir et de jouer celui qui est navré du conflit que vous avez avec x, de vous pousser à faire des confidences, voire d'en rajouter dans le même sens que vous, et ensuite d'aller tout répéter à l'intéressé en le présentant comme entièrement de votre cru, ce qui ne manquera pas d'envenimer vos rapports avec x. 

Certains sites parlent de personnalité floue des pervers, d'autres d'une personnalité-type. Floue n'est pas le terme adéquat. Les pervers, comme indiqué ci-dessus, ont chacun leur motivation et leur propre manière d'agir, mais ils ont quelques caractéristiques communes comme de ne pas éprouver de remords du mal qu'ils peuvent faire. Cela peut être par égoïsme, mais cela peut être par désir de vouloir rendre la justice eux-mêmes, avec toutes les dérives que peuvent entraîner les notions de bien et de mal basées sur des concepts totalement personnels ou sur des données fausses comme les commérages.