Par Le National
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Les Américains se tournent vers Dieu

WASHINGTON, 17 sept (AFP) - "God bless America": de la Bourse de New York, coeur du capitalisme mondial, aux lambris du Congrès, à la plus modeste des bannières déployée à la hâte sur les immeubles ou les maisons, le nom de Dieu est souvent invoqué par les Américains en quête de réconfort spirituel depuis le 11 septembre mais aussi pour évoquer l'ire divine.

Les églises et les lieux de culte ont connu, durant le week-end, une affluence record aux quatre coins des Etats-Unis où la ferveur religieuse teintée de patriotisme le disputait au désarroi du traumatisme national.

Le président George Bush a donné l'exemple en participant à une messe à la cathédrale de Washington vendredi réunissant des dirigeants religieux de diverses confessions, ainsi qu'à une messe durant le week-end à Camp David. Il s'est par ailleurs rendu lundi à la grande Mosquée de Washington.

"La terreur n'est pas la vraie foi de l'Islam. Ce n'est pas la raison d'être de l'Islam. L'Islam représente la paix (...) Les terroristes représentent le mal et la guerre", a déclaré M. Bush au centre islamique de Washington où il s'était rendu pour afficher la nécessité de ne pas faire d'amalgame entre l'Islam et le terrorisme.

M. Bush a appelé tous les Américains à traiter leurs compatriotes musulmans avec respect et il a condamné les centaines d'actes d'intimidation contre des musulmans qui se sont produits à travers le pays depuis les attentats.

"Certains n'avaient pas mis les pieds dans une église depuis des années avant ce week-end, mais les Américains dans les moments de crise nationale ont tendance à réagir en participant à des cérémonies religieuses", indique David Rodier, titulaire de la chaire de religion à l'American University de Washington.

"C'est une manière d'exprimer leur douleur, leur angoisse sur le moment mais sans signifier pour autant qu'ils reviendront à l'église la semaine prochaine", dit-il à l'AFP.

La plupart des sermons ont tenté, au-delà des questions théologiques, et d'appels à la paix et la tolérance, de donner un sens à l'horreur.

"Pourquoi Dieu permet-il à tant de Mal de se produire", s'est interrogé le célèbre révérend Billy Graham, dans la nef lugubre de la cathédrale de Washington, avant d'avouer: "Je ne connais pas totalement la réponse. La Bible dit que Dieu n'est pas la cause du Mal et parle du Mal comme un mystère".

Mais pour certains évangélistes ultraconservateurs américains, dont les controversés Jerry Falwell et Pat Robertson, la tragédie sans précédent qui a frappé les Etats-Unis ne peut être que le résultat du courroux divin contre une nation en état de péché.

Les attentats du 11 septembre et ses milliers de victimes pourraient sembler "minuscules" un jour si "Dieu continue de permettre aux ennemis de l'Amérique de nous infliger ce que probablement nous méritons", a ainsi affirmé Jerry Falwell lors d'une émission la semaine dernière sur une chaîne de télévision évangéliste.

Invoquant pêle-mêle "les païens, les partisans de l'avortement, les féministes, les homosexuels et les lesbiennes", Falwell s'est exclamé: "Je vous montre du doigt et je dis +c'est vous qui êtes la cause de tout cela+".

Participant à la même émission, Pat Robertson a déclaré "être tout à fait d'accord".

Ces remarques ont déclenché la colère de nombreuses associations, dont le planning familial qui a accusé les deux évangélistes de prêcher "la haine basée sur l'idéologie" à l'origine de la nature même du terrorisme.

Pour sa part, Joseph Stowell, président du Moody Bible Institute de Chicago, un centre d'études évangélistes, a affirmé : "Il n'y a pas de preuve que le terrorisme soit fondé sur la colère de Dieu".