Par Le National
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La gay pride au coeur de la guerre de religion israélienne.

Par Jasmina Kelemen

TEL AVIV (AP) -- Drapeaux arc-en-ciel, musique techno assourdissante et petites tenues, des milliers d'Israéliens ont célébré la Gay Pride vendredi dans Tel Aviv la laïque, juste avant la tombée de la nuit et le début du Shabbat. Cette fête de rue désormais annuelle est aussi le dernier endroit où juifs laïcs et orthodoxes se livrent leur incessante guerre culturelle.

''Nous vous promettons de soutenir votre combat contre les religieux'', a lancé à la foule le député Tommy Lapid, chef du parti ''ultra-laïc'' Shinui.

Alors que les ultra-orthodoxes d'Israël ont jeté l'anathème sur l'homosexualité, gays et lesbiennes d'Israël ont remporté une série de succès contre le mouvement religieux.

Le mois dernier, la Cour suprême a autorisé une lesbienne à devenir officiellement le second parent de l'enfant biologique de sa compagne. En 1994, les unions homosexuelles avaient été reconnues pour ce qui est du droit à la protection sociale du ''conjoint''.

La semaine prochaine, un projet de loi proposant la reconnaissance du mariage civil homosexuel sera présenté à la Knesset, où l'influence des partis religieux est toujours dominante et où il n'a aucune chance.

Mais la société israélienne connait une évolution rapide. Chose impensable il y a quelques années, en 1998, des gays s'embrassaient ouvertement sur la Place Yitzhak-Rabin, au coeur de Tel Aviv, pour fêter la victoire à l'Eurovision de la chanteuse transsexuelle israélienne Dana International.

Et la Gay Pride a ratissé large vendredi, avec des participants en déguisements élaborés mais aussi de nombreuses familles avec enfants ou couples hétérosexuels.

Car, pour Kinneret Golan, le fossé culturel est de plus en plus profond entre la majorité laïque en Israël et la minorité des ''hommes en noir'' ultra-religieux et la méfiance si forte que ''chaque camp se définit comme l'opposé de l'autre''. Du coup, estime-t-elle, de nombreux Israéliens laïcs soutiendront une cause juste parce qu'elle est dénoncée par l'autre bord...

Tony Lapid semble ne pas la contredire. Pour lui, hérault de la lutte contre tout ce qui est religieux, estime que le Shinui et le mouvement homosexuel sont des partenaires naturels.