Par Le National
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Le G8 va lancer le Fonds mondial contre le sida

NEW YORK (Nations Unies), 17 juil (AFP) - Face au fléau du sida qui a déjà fait 22 millions de morts, les grands pays industrialisés doivent lancer vendredi à Gênes, en Italie, le Fonds mondial pour la santé, proposé par l'ONU en annonçant des contributions totales de 1 milliard de dollars.

Mais une rude bataille se déroulait en même temps en coulisses pour savoir qui dirigera le Fonds qui, d'ici à 2005, devrait gérer un peu plus de 9 milliards de dollars pour combattre le sida ainsi que d'autres maladies infectieuses comme la tuberculose et le paludisme, affirment des experts.

Ce Fonds doit mobiliser les pays riches pour aider les pays en développement, essentiellement en Afrique et en Asie, à faire face au sida sur le double front de la prévention et du traitement.

Il devrait être opérationnel le 15 décembre, selon les experts, soit à peine quelque mois après que l'idée en eût été lancée fin avril à Abuja par le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.

Le président français Jacques Chirac a annoncé lundi que les chefs d'Etat et de gouvernement du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon plus Russie) lanceront officiellement ce Fonds avec Kofi Annan lors de leur sommet de Gênes, du 20 au 22 juillet.

Il fait suite à une session spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU fin juin à New York où les leaders du monde entier ont approuvé le premier plan mondial de lutte contre le sida avec un calendrier et des objectifs précis pour faire reculer la pandémie qui touche 36 millions de personnes, dont 25 millions en Afrique.

Si rien n'était fait, le nombre de morts pourrait atteindre le chiffre effarant de 100 millions en 2010, selon des experts.

M. Annan a estimé lundi que le Fonds "progressait plutôt bien".

"Je voudrais que d'ici à la fin de la rencontre de Gênes, nous ayons reçu des engagements de financement pour plus d'un milliard de dollars", a-t-il dit à Genève.

Il a appelé gouvernements, secteur privé et fondations à unir leurs efforts contre la pandémie qui fait des ravages en Afrique mais progresse aussi rapidement en Asie et en Europe de l'est et connaît un regain dans les pays occidentaux.

Les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne ainsi que la Fondation Bill et Melinda Gates notamment ont déjà annoncé des contributions pour un total de 775 millions de dollars.

Kofi Annan a reconnu récemment que de "fortes pressions" étaient exercées par différents pays pour faire partie du Conseil d'administration du Fonds qui sera assisté par la Banque mondiale pour gérer l'argent et d'un comité scientifique pour choisir les projets.

Une trentaine de pays, la Commission européenne et l'ONU ont participé à une réunion préparatoire au G8 à la fin de la semaine dernière à Bruxelles.

"Cela a été essentiellement une foire d'empoigne pour savoir qui sera représenté" au Conseil d'administration du fonds, affirme un expert proche des négociations.

Dans un premier temps, il s'agissait de désigner les membres du Comité technique intérimaire qui préfigure le Conseil d'administration.

Selon cet expert, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et le Canada souhaitaient une représentation minimum des pays du sud.

Un compromis a finalement été atteint mais a fait grandir jusqu'à 35 membres ce comité que Kofi Annan souhaitait léger et non-bureaucratique.

Les pays donateurs y disposeront de seize sièges contre douze aux pays en développement. Le secteur privé, les ONG et l'ONU (OMS, ONUSIDA, Banque mondiale) y seront aussi représentés.

"L'impulsion politique de la session spéciale risque de se perdre dans des discussions stériles sur la constitution du Fonds", affirme l'expert qui regrette par exemple que l'articulation de celui-ci avec les agences spécialisées de l'ONU n'ait jamais été posée.