Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Conférence sur l'éthique du philosophe Michel Foucault!

Par Sylvio Gauthier, journaliste


Michel Foucault

L'Université du Québec à Rimouski recevait le 15 mars dernier, le conférencier Lawrence Olivier, professeur au Département de science politique de l'UQAM. L'exposé de monsieur Olivier portait sur l'éthique chez Michel Foucault et le fondement de l'engagement politique.

Devant un auditoire attentif, monsieur Olivier a déclaré qu'il était extrêmement difficile de lire Michel Foucault en ce moment, puisque certaines interprétations se sont imposées. Les États-Unis, par exemple, insistent sur l'homosexualité de Michel Foucault, tandis qu'en France, le sujet demeure tabou. Parlant du radicalisme politique de Foucault, monsieur Olivier a soutenu que le philosophe avait fait une critique radicale des sociétés tout en refusant de proposer des solutions. «Son radicalisme politique se rattache à l'éthique. Il a eu une importance radicale dans le mouvement gai.»

Pour Foucault, l'éthique est une partie de la morale qui porte sur soi; un effort, une espèce de volonté de se constituer comme un sujet moral. L'effet d'autorité du personnage Foucault a imposé certaines idées et il faut s'en méfier a soutenu le conférencier. Ce que le philosophe propose c'est une esthétique de l'existence. «Faire de sa vie une oeuvre d'art» disait Foucault. Lawrence Olivier a mentionné que Michel Foucault n'a jamais voulu être un nouveau Jean- Paul Sartre. «D'un livre à l'autre chez Foucault, ça change. C'est une dimension importante chez-lui.» Le philosophe ne voulait pas refondre de nouvelles normes.

Lors de la révolution Iranienne, Foucault s'est rendu en Iran. Selon monsieur Olivier, Foucault n'a toutefois pas voulu donner une direction à cette révolution, mais il voulait qu'elle se fasse entendre. Il a appelé cela " la spiritualité politique". Foucault ne pouvait alors échapper au personnage qu'il était devenu. «Dire quelque chose pour Foucault c'est important.» Selon Lawrence Olivier, Foucault est allé très loin. Il a lutté pour les gens qui avaient des difficultés. Il avait une constitution morale et il a essayé de se déprendre de cette constitution morale. «Foucault est allé jusqu'à la mort; allé jusqu'à l'impossibilité de vivre.»

Présentement aux États-Unis, les "queers" travaillent à détruire l'image de l'homme et de la femme a soutenu le conférencier. Michel Foucault a dit: «Je cherche à faire en sorte que l'on ne sache plus quoi penser.» Il ne voulait pas défendre ses théories et ses livres. Il ne cherchait pas un statut de vérité, mais de fiction. «Beaucoup ont vu dans Foucault, le prophète de la mort de l'homme.» Il demeure un anti-humaniste clair a déclaré monsieur Olivier. Michel Foucault essayait de comprendre les effets de son discours sur les autres. Son arrivée aux États-Unis reste marquante a soutenu le conférencier. «Il était écoeuré de la France.» Après deux tentatives de suicide, Foucault avouera qu'il avait de la difficulté à vivre son homosexulaité en France.

Selon Claude Mauriac, Foucault avait une constitution morale extrêmement puissante. Il voulait un monde meilleur. Foucault dira: «Ma vie elle est là, dans ce que j'écris.» Pour monsieur Olivier, Foucault a pensé à un moment donné qu'il pouvait faire oeuvre importante. «Il se savait important.» Durant sa vie, Foucault refusera d'imposer à l'autre une conception de l'homme. «Pense par toi-même, dis ce que tu penses. Ne sois pas foucaultien.»

Rappelons en terminant que Michel Foucault est décédé en 1984 à Paris des suites du Sida. Nommé au Collège de France en 1970, il a fait paraître l'Histoire de la Folie à l'âge classique, folie et déraison en 1961, Les Mots et les Choses, une archéologie des sciences humaines en 1966, l'Archéologie du savoir en 1969, Surveiller et punir et Naissance de la prison en 1975, la Volonté de savoir, tome 1er d'une Histoire de la sexulaité en 1976 et Pouvoir-savoir en 1980. Lawrence Olivier a terminé sa conférence en démontrant une dernière fois le refus de Michel Foucault de porter une norme dans son discours: «Si mes outils ne font pas l'affaire, prenez-en d'autres.» Sylvio Gauthier, correspondant pour Le National