Par Le National
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Coup d'envoi du festival de cinéma Résistances vendredi à Foix

FOIX, 4 juil (AFP) - Pour la cinquième année consécutive, le festival de cinéma Résistances soufflera à partir de vendredi sa brise contestataire estivale sur les Pyrénées ariégeoises, qui se sont imposées depuis 1997 comme le forum favori des promoteurs du septième art engagé et d'un public volontiers militant.

Pour cause d'incompatibilités d'humeur avec la nouvelle municipalité socialiste (dissidente), les organisateurs du festival Résistances ont été contraints de quitter, au printemps, leur berceau de Tarascon-sur-Ariège pour s'installer à Foix. Mais il sont restés fidèles à leur crédo en proposant, de "The Crying Game" de Neil Jordan au "Kippour" d'Amos Gitaï, un catalogue de 120 films qui dérangent, interpellent ou témoignent.

"Notre parti-pris reste plus que jamais de montrer les films qu'on ne voit pas dans les salles, soit parce que leur sujet est sulfureux, soit parce qu'ils sont des films d'auteurs", insiste Catherine Dubuisson, déléguée générale du festival. "Nous rejetons résolument le cinéma hollywoodien, qui formate les imaginaires de toute la planète".

Jusqu'au 14 juillet, la Scène nationale de Foix va retentir des multiples échos filmés de la violence, des inquiétudes ou même des utopies qui font le début de ce XXIème siècle, puis des coups de gueule et des interpellations des débats qui, comme c'est la règle à Résistances, opposeront les réalisateurs ou acteurs à leur public.

- Coup d'envoi bosniaque -

Récompensé il y a deux mois du prix du meilleur scénario lors du dernier festival de Cannes, le "No Man's Land" du Bosniaque Danis Tanovic, chronique de deux soldats, l'un serbe l'autre bosniaque, pris dans la tourmente de la guerre, donnera vendredi soir en avant-première nationale le "la" de l'édition 2001 du festival.

Puis il sera question d'homophobie et de discriminations sexuelles, comme celles dénoncées dans le "Paragraphe 175", de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, qui rapporte la persécution des homosexuels par les nazis. Foix sera aussi le théâtre de projections et d'échanges autour de l'Afrique, avec le "Lumumba" de Raoul Peck, un hommage au réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambéty et un débat sur les ravages du sida avec la présidente d'Act Up Emanuelles Costes.

Le "Reprise" d'Hervé Le Roux, enquête sur les ouvrières d'une usine Wonder trente ans après mai 1968, servira de base à un débat sur le rôle des syndicats. Plus surprenant, "Résistances" se penchera aussi sur la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées, sujet brûlant en Ariège.

Innovation cette année, la journée réservée aux professionnels du cinéma sera l'occasion d'analyser l'arrivée de l'image numérique. "Le monopole de la diffusion des images numériques qui se dessine est un danger pour le cinéma indépendant", juge Marc Saracino, président de l'association Amis du film en Ariège (AFA), qui organise le festival. "Il est important que nous en débattions ici".

Signe de son succès, le festival Résistances a enregistré quelque 10.000 entrées payantes lors de sa dernière édition.