Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Excès uomo

Est-ce par peur du jeu de mots convenu ? Toujours est-il que l'italien " uomo " évoque " homo ", aussi bien le grec (qu'on retrouve dans homosexuel) que le latin (de la citation nitzschéo-christique " ecce homo ", voilà l'homme). La capillo-traction du titre épargne la pièce, bien plus simple, voire simpliste. L'argument dramatique ne penche en effet pas vraiment du côté de l'excès promis.

Jacques, comédien cinquantenaire, s'amourache de Stéphane, jeune homme de 33 ans (clin d'oil à JC) qui bouleverse sa vie affective jusque-là occultée au profit de relations officieuses. On assiste donc aux débuts du couple, avec la ritournelle habituelle : enthousiasme commun mais préservons notre liberté etc. Puis s'immiscent les doutes : vingt ans d'écart, est-ce tenable dans un couple ? Et des deux amoureux, quel est le plus comédien ? Le texte sauve (relativement), par des répliques cinglantes et des vannes bien senties une intrigue maigrelette. Quelques repères homos meublent l'action, comme la vieille copine Chantal qui est portée sur les gaffes et l'alcool, ou le petit tour dans les backrooms de l'Entrepôt, temple de la culture gay version hard, ou encore les musiques disco et techno. A ces identifiants (des clichés ?) s'ajoutent quelques facilités (la séquence " Pretty Woman " évidemment). La légèreté d'ensemble et les quelques drôleries dessinent un constat au fil de la pièce : si les personnages n'étaient ainsi marqués sexuellement, on friserait là le classique vaudeville, avec l'adultère de rigueur et le rire fragile. Alors cela reste divertissant, plaisant, mais guère ébouriffant. L'homosexualité, une valeur ajoutée à elle seule ? Bof.