Par Le National
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Les adolescents américains: génération ecstasy

WASHINGTON (AFP) - L'ecstasy est désormais la drogue de choix des adolescents américains qui sont plus de 12% à y avoir touché, provoquant la mobilisation des pouvoirs publics contre ce stupéfiant de synthèse en passe d'être aux années 2000 ce que la cocaïne fut aux années 70 et 80.

"La progression rapide de l'ecstasy est très similaire à l'expérience connue par le pays avec la cocaïne il y a tout juste une génération. Par bien des aspects, l'ecstasy est devenue la cocaïne de la 'rave generation'", a estimé lundi Stephen Pasierb, président de l'association Partnership for a Drug-Free America (PDFA), lors d'une conférence de presse à Washington.

La consommation d'ecstasy chez les adolescents pourrait doubler en cinq ans, si la tendance actuelle se poursuit, ont encore mis en garde les responsables de l'association lors du lancement d'une campagne contre l'usage des petites pilules colorées, la drogue la plus courante en clubs et boîtes de nuit.

En 1995, 5% des adolescents américains reconnaissaient y avoir goûté. En 2000 ils étaient 10% à l'admettre. Selon les résultats du dernier sondage réalisé sur 6.937 adolescents, 12% d'entre eux disent avoir consommé de l'ecstasy, soit une hausse de 20% en un an du nombre d'adolescents touchés.

"De nouvelles données dérangeantes indiquent qu'en peu de temps l'ecstasy s'est assuré une place de choix parmi les drogues en Amérique", selon le président de l'association anti-drogue qui a précisé: "L'usage d'ecstasy par les ado est désormais égal ou supérieur à leur consommation de cocaïne, crack, héroïne, LSD et méthamphétamines".

L'ecstasy se généralise au détriment d'autres drogues, indique l'étude qui fait état d'une stabilité entre 2000 et 2001 sur le nombre total de consommateurs de stupéfiants, et d'une baisse de consommation comparée aux chiffres de 1997, sauf pour l'ecstasy.

La MDMA (3,4 méthylène-dioxy-méthamphétamine) ou ecstasy provoque une déplétion de sérotonine dans le cerveau, produisant chez le consommateur un effet euphorisant et une sensation de plus grande intimité avec les personnes qui l'entourent, parfois suivi de passages dépressifs.

Des expérimentations sur des primates ont permis d'observer le caractère neurotoxique de l'ecstasy, pouvant entraîner de graves lésions cérébrales irréversibles. Cette drogue provoque également une hyperthermie responsables de nombreux accidents.

Les hôpitaux américains font état d'une multiplication par dix des accidents liés à l'ecstasy se traduisant par des passages aux urgences, de 421 cas en 1995 à 4.511 cas en 2000, selon les chiffres cités par le PDFA.

"Une grande partie du marché adolescent pense que la 'drogue de l'amitié' est à faible risque, c'est exactement ce que nous devons changer. Sans une action efficace, nous pourrions voir trois millions d'adolescents supplémentaires utiliser cette drogue dans un proche avenir", a averti M. Pasierb.

Pour un responsable de la lutte anti-drogue à la Maison-Blanche, "l'ecstasy dépasse maintenant le cadre des clubs et de la scène rave pour devenir disponible à de plus en plus d'enfants". John Walters, directeur du Bureau pour la politique nationale de contrôle de la drogue, a appelé lundi les parents à "faire passer le mot sur le danger très réel représenté par l'ecstasy".

 

Le privilège de réplique