Par Le National
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Le fils de Marc Dumoulin défend son père, malgré les "gestes" qu'il a subis

STRASBOURG, 16 oct (AFP) - Le fils du député Marc Dumoulin, qui s'est déclaré persuadé de l'innocence de son père accusé de viols par une jeune nièce, a tenté mardi devant la cour d'assises du Bas-Rhin, d'expliquer les "gestes" de son père à son égard, qu'il a qualifiés de "marques d'affection déplacée".

Pendant une "période courte" de son adolescence, le fils du député du Haut-Rhin, qui comparaît pour viols sur mineure de 15 ans (sa nièce) par personne ayant autorité, a reconnu avoir été "physiquement proche" de son père à deux ou trois reprises.

"Je l'ai reçu comme une marque d'affection déplacée. Moi même je n'aurais pas l'idée de donner de l'affection de cette façon. Je n'ai jamais considéré cela comme une agression", a précisé le jeune homme, aujourd'hui âgé de 27 ans, ajoutant qu'il ne serait "pas capable de lui reprocher quoi que ce soit".

"Il y avait un manque de communication entre nous et je me suis rapproché de lui dans un désir d'affection", a-t-il justifié.

Lundi, au premier jour de son procès, M. Dumoulin père, âgé de 51 ans, avait admis qu'il avait, par deux fois, dormi dans le même lit que son fils et s'était "réveillé au moment où (il) avait senti qu'(il) lui touchait le sexe". Ces faits, qui ont eu lieu en 1986 et 1988, sont prescrits.

"Les faits que vous avez subis de la part de votre père sont graves. Ce sont des agressions sexuelles, punissables jusqu'à dix ans" de prison, lui a expliqué l'avocat général Edmond Stenger. "J'en prends acte", a simplement répondu le fils.

"je crois mon père innocent"

"Je crois mon père innocent dans cette affaire", a d'autre part affirmé le fils, qui a assuré la Cour de ses "excellentes" relations avec Marc Dumoulin.

"Ma cousine m'a dit en 1989 que mon père n'avait pas été correct avec elle. Mais je connais bien mon père et je ne le crois pas capable d'avoir violé quelqu'un", a-t-il ajouté.

En ce qui concerne les confidences que lui aurait faites sa cousine, le fils du premier député de la Ve République à comparaître devant une cour d'assises est resté assez évasif.

"N'ayant jamais rien su de précis, j'ai dû penser qu'il avait eu des gestes d'affection envers elle. Mais je n'avais pas envie d'en savoir plus", a-t-il précisé.

Marthe Gagnebin, première épouse de Marc Dumoulin et mère de son fils, venue témoigner mardi après-midi, a reconnu n'avoir pas demandé de détails à son fils sur ce qui s'était passé entre lui et son père.

"Le psychologue (que consultait le fils, ndlr) a demandé à me parler et il m'a dit qu'il s'était passé quelque chose entre mon fils et son père, qu'il ne s'agissait pas de viol ni de relations sexuelles", a-t-elle expliqué.

Ces révélations, au printemps 1989, ont provoqué une rencontre à Paris entre M. Dumoulin, son ex-femme et les parents de la nièce, qui venait également d'accuser son oncle d'agressions sexuelles.

"M. Dumoulin a été très affecté. Il y a eu des explications, une mise à plat. Après, j'étais en confiance et je voulais que mon fils retrouve son père", a raconté Mme Gagnebin à propos de cette entrevue, qui s'est terminée par un repas au restaurant.

Interrogée par la présidente de la Cour, Josiane Bigot, sur sa réaction à l'époque, la mère du jeune homme a répondu qu'elle "ne voyait pas la nécessité de porter plainte".

"Il avait 16-17 ans, physiquement, il aurait pu se défendre lui-même s'il y avait eu un problème. Mon but à l'époque était d'entourer mon fils, je ne suis pas une mère indigne pour autant", a-t-elle ajouté, pour justifier ses encouragements envers son fils pour qu'il retourne voir son père.