Par Le National
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Un colloque sans précédent en France sur l'homophobie

MARSEILLE (France), 26 juil (AFP) - Des chercheurs français, belges et québécois ont détaillé "les difficultés d'affirmation de soi" que rencontrent les jeunes qui se découvrent homosexuels, lors d'un colloque sans précédent en France, dans le cadre d'une rencontre qui doit s'achever samedi.


Michel Dorais

Ces "difficultés" vont du repli sur soi jusqu'au suicide, ont noté mercredi plusieurs participants à Marseille (sud-est), lors de ce premier colloque organisé en France sur la souffrance psychique liée à l'homophobie.

Quelque 500 gais et lesbiennes, selon les organisateurs, ainsi que des travailleurs sociaux ont participé à ces débats parrainés par les ministères français de la Santé et de la Jeunesse et des Sports, à l'occasion de l'Université d'été euro-méditerranéenne des homosexualités qui se tient jusqu'à samedi.

Trois lesbiennes et trois gais de 19 à 25 ans ont témoigné dans le film -"Vivre et se vivre homo"- projeté en ouverture du colloque de leur désarroi lorsqu'ils se découvrirent différents, face à leurs proches qui, souvent, préféraient ne pas en entendre parler.

"Le problème de l'homo, c'est tout bêtement qu'il n'a pas de référent. En rentrant chez lui, un Noir se retrouve dans une famille de Noirs avec qui ils peut parler du racisme", a expliqué Bruno Pommier, un enseignant à l'origine d'un documentaire projeté lors du colloque.

Michel Dorais, professeur à l'université de Laval Québec-Canada, a présenté son livre "Mort ou Fif" (équivalent de "pédé" au Québec, ndlr). "Les jeunes garçons homosexuels présentent en moyenne un risque de suicide 10 fois plus élevé que les jeunes hétérosexuels et les lesbiennes un risque 2 à 4 fois supérieur selon des études nord-américaines", a-t-il expliqué.

"L'école a un grand rôle à jouer", a martelé M. Dorais. Au Québec, 7.000 professeurs ou infirmières scolaires ont déjà été sensibilisés au problème. Et 100.000 dépliants y ont été envoyés en mai aux élèves de 10 à 16 ans, pour signifier qu'une personne homosexuelle a "aussi le droit d'être heureuse".

La France n'en est pas là. L'émissaire du ministère de la Santé, Robert Simon, l'a reconnu: "Nous avons seulement commencé à travailler avec le ministère de l'Education nationale sur la manière de développer l'éducation à la sexualité dans les établissements scolaires, en incluant une question sur l'homosexualité."

Selon un sondage récent, 60% des Français jugent que "l'homosexualité est une manière acceptable de vivre sa sexualité", contre 24% en 1973.

Une étude récente montre que cette acceptation frise l'unanimité chez les jeunes Français, puisque 90% d'entre eux la considèrent comme "morale et/ou acceptable". En 1989, ils n'étaient que 78% à l'admettre et 22% la déclaraient "répréhensible".