Par Le National
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Dépistage et traitement de la maladie du charbon, un processus complexe

WASHINGTON, 16 oct (AFP) - Le dépistage et le traitement de la maladie du charbon est un processus long et complexe, un premier test de détection de la bactérie devant être confirmé par des examens, dont les résultats ne sont pas toujours concluants quand les personnes testées sont déjà sous antibiotiques.

Quelque 300 occupants de l'immeuble d'American Media en Floride --testées après la mort le 5 octobre d'un homme contaminé par la maladie du charbon-- attendent toujours les résultats définitifs de leurs analyses.

Ces personnes devront se soumettre à partir de mercredi à de nouveaux examens sanguins, selon Tim O'Connor, porte-parole des services de santé de Floride.

Interrogé à ce sujet lundi, le directeur adjoint des Centres de contrôle des maladies (CDC) d'Atlanta, David Fleming, a estimé que les premiers tests devaient être comparées à une seconde série de prélèvements. "Nous ne considérons pas ces spécimens comme significatifs", a-t-il dit.

La seconde analyse de sang, comparée à la première, permet de déceler une augmentation des anticorps produits par l'organisme en cas de contamination par la bactérie.

Mais en cas de symptômes déclarés, comme pour Robert Stevens qui a succombé à la maladie, les analyses nécessitent de procéder à un prélèvement de moelle épinière, sang et peau.

En Floride, à New York, dans le Nevada et depuis lundi à Washington --où une lettre contenant la bactérie de la maladie du charbon a été adressée au chef de la majorité du Sénat, Tom Daschle-- toutes les personnes pouvant avoir été en contact avec les courriers incriminés ont subi des prélèvements dans le conduit nasal pour détecter la présence de spores.

Les résultats de ces prélèvements sont une première alerte pour les services sanitaires, mais ils ne prouvent pas la contamination ou son absence. Les spores responsables de la maladie peuvent en effet avoir germé, se transformant en bactéries, qui elles-mêmes produisent les toxines responsables de la maladie, fatale dans 90% des cas sous sa forme pulmonaire.

D'où la nécessité de pratiquer deux analyses de sang pour détecter la bactérie.

Mais le dépistage est compliqué par la décision des autorités de placer sous antibiotiques, de façon préventive, plusieurs centaines de personnes ayant pu être en contact avec la bactérie du charbon.

En effet, une fois l'organisme sous antibiotiques, les cultures sanguines effectuées pour détecter la bactérie ont de fortes chances d'être négatives, rendant très difficile le diagnostic de la maladie.

C'est ainsi que s'explique, selon un médecin, l'aggravation de l'état de santé de Ernesto Blanco, 73 ans, qui jusqu'à lundi était donné pour porteur sain et développe maintenant la maladie.

L'infection de M. Blanco a été masquée par la forte dose d'antibiotiques qui lui avait été administrée, selon le docteur Frederick Southwick, chef du service des maladies infectieuses de l'Université de Floride à Gainesville, cité mardi par le quotidien Miami Herald.

Le problème risque de se reproduire dans d'autres cas, comme celui de 31 employés d'un bureau de poste de Floride où la présence de spores a été détectée. Les employés se sont vu prescrire lundi un traitement antibiotique de 15 jours, après les résultats négatifs de prélèvements dans le conduit nasal.

Un traitement particulier doit être réservé aux enfants exposés à la maladie, soulignent les spécialistes.

Ainsi, à New York, le bébé de 7 mois contaminé par la forme cutanée de la maladie du charbon est traité à la pénicilline, car son jeune âge ne permet pas l'utilisation des antibiotiques les plus courants.