Par Le National
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Un membre de la communauté gaie à la tête de Paris, Bertrand Delanoë a le look "présidentiel"...

PARIS, 19 mars (AFP) - Le nouveau maire de Paris, le socialiste Bertrand Delanoë, un homme d'une discrétion confinant à l'effacement, prendra les rênes de la Ville Lumière, en mettant ses qualités d'homme d'appareil très proche du Premier ministre Lionel Jospin au service de l'une des capitales les plus prestigieuses du monde.


M. Bertrand Delanoë

Costume gris, la main sur le coeur, le futur maire de Paris, 50 ans a salué dimanche soir "l'alternance dans la capitale", une "victoire de l'audace et de la raison" mettant fin à près d'un quart de siècle de gestion par la droite, sans sortir d'un discours plutôt conventionnel devant des milliers de ses partisans enthousiastes.

"C'est avant tout un choix exigeant pour le renouvellement de la culture et des pratiques démocratiques, mais aussi pour un changement profond dans la gestion municipale au service de la vie quotidienne" des Parisiens, a-t-il dit, en proclamant sa volonté de faire de l'Hôtel de ville "la maison des Parisiens".

M. Delanoë, allié aux Verts, disposera d'une majorité de 92 conseillers de Paris sur les 163 pour être élu dimanche prochain maire de la capitale, bien qu'en nombre de voix, la droite soit légèrement plus forte à Paris avec 50,4% des voix.

Le nouveau maire, qui a bénéficié du rejet du système entaché de scandales de corruption de la droite à la mairie, par ailleurs déchirée, veut exercer un "droit d'inventaire".

Il devra s'attaquer très rapidement au budget 2001 de cette ville, une véritable entreprise avec un budget de cinq milliards d'euros par an et 40.000 fonctionnaires, et constituer son équipe, tâche difficile sans connaissance des lieux "quand on a été éloigné pendant si longtemps du pouvoir", comme le souligne le président de l'institut de sondage Ipsos, Jean-Marc Lech, lundi dans le quotidien France-Soir.

M. Delanoë n'est toutefois ni un nouveau venu à Paris où il est élu depuis 1977, ni un novice dans la politique, qu'il a pratiquée dans le sillage de M. Jospin, notamment comme porte-parole du parti socialiste dans les années 80. Il a fait une carrière de conseiller en communication.

Il y a un an, pourtant, personne, ni même dans son camp, n'aurait donné aucune chance à cet homme inconnu face à ses concurrents socialistes, le ministre de l'Economie Dominique Strauss-Kahn et le médiatique Jack Lang, et encore moins à son adversaire de droite, ancien ministre et ex-président de l'Assemblée nationale, Philippe Séguin.

M. Strauss-Kahn a été éliminé à cause de ses démêlés avec la justice dans une affaire de corruption, et Jack Lang a été nommé ministre de l'Education.

Ambitieux et volontaire, sûr de lui jusqu'à en agacer ses proches sous des apparences douces, cet ancien petit chanteur à la Croix de bois, né le 30 mai 1950 en Tunisie, élevé chez les bonnes soeurs et les curés, a fait de son absence de notoriété un atout politique, en menant une campagne de proximité.

Aux remarques sur une absence de charisme, il rétorquait, énervé : "le vrai charisme, c'est le lien entre un candidat, un élu et des citoyens, dans la simplicité".

Fier jusqu'à l'orgueil, selon son propre aveu, il n'a pas manqué d'un courage certain en proclamant publiquement à la télévision son homosexualité, tout en demandant le "droit à l'indifférence", qui lui a été largement accordée pendant la campagne électorale.

Le poste de maire de la ville de plus de deux millions d'habitants, destination touristique numéro un au monde, confère également à son titulaire une dimension internationale, avec la tâche de recevoir les chefs d'Etat étrangers en visite officielle en France.

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