Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Un homme se décide et fait ce que le maire Bourque devrait faire: il nettoie le Centre-Sud bénévolement depuis 4 mois!

Depuis plus de 4 mois, un résidant du quartier Centre-Sud (incluant le Village) commet un geste incroyable envers ses concitoyens; il entretient les parcs, ruelles et entrées de garages et récupère les vielles seringues, condoms et tout ce qui accompagne ses produits comme les tampons alcoolisés, l'emballage de la seringue et celui de la capote. Une oeuvre qu'il dédie à tous ceux qui tiennent à coeur la qualité de vie dans ce quartier dont la réputation jusqu'à récemment ne cessait de s'améliorer.

«Il y a quelques années, j'avais un petit commerce à LaColle et j'enseignais aussi l'art de la relaxation par la méditation. Comme toute activité du genre, ce n'est pas toujours évident d'arriver à la fin du mois mais je me débrouillais pour toujours payer les comptes. Ma clientèle augmentait lentement et ma foi, je voyais un bel avenir pour moi dans la région», raconte Danny. Et puis il y a eu le verglas. «Est-ce que vous connaissez beaucoup de monde qui pourrait partir une entreprise en plein milieu de cette crise, sans électricité pendant 26 jours?», demande Danny. Après s'être apperçu qu'il ne pourrait pas faire aboutir le rêve de sa vie et voyant que jamais il ne pourrait se remettre d'une telle situation, Danny a préféré arrêter et venir s'installer auprès des siens, les gais de Montréal.

Après un court moment à tenter de se replacer les idées, Danny a réalisé qu'il ne pourrait s'en sortir sans l'aide sociale. Il a donc fait une demande et reçoit moins de 450$ par mois. Heureux quand même d'être à Montréal, dans un quartier qu'il affectionne plus que tout, Danny réalise vite qu'en y regardant d'un peu plus près, tout n'est pas si rose dans ce qui fut jadis le quartier le mieux revalorisé de Montréal, grâce à la communauté gaie. Choqué et consterné par le laisser-aller de la ville de Montréal, pourtant dirigée par un maire qui se prétend gardien des espaces verts, Danny entreprend la croisade de sa vie: il faut donner l'exemple et sauver ce qui reste de la dignité de ce quartier si unique. Il se débrouille pour trouver un balais, une poubelle, quelques outils et hop! Il entreprend seul son combat!

«Au début, j'avais peur de l'énormité du travail et je me suis attaqué à mon parc fétiche, celui qui est le plus près de chez moi, le parc Hector-Charland, rue Visitation. Après tout, je m'étais quand même donné comme objectif de restaurer le plus possible la propreté et la sécurité de ce parc devenu un bordel-piquerie-toilette à ciel ouvert, ouvert 24h par jour!

Lors de notre entrevue, Danny a eu la gentillesse de nous faire voir la réalité du Centre-Sud:

 

Vue du trottoir le 24 août dernier: des dizaines de sacs à ordures exposés depuis des mois!

Coin Beaudry et René-Lévesque, parc Aristide-Beauchamps. «Quelqu'un doit bien fermer les yeux sur ça, un dortoir à ciel ouvert, pour qu'ils reviennent ici à tous les soirs! Cette tolérance est ridicule!»


Un trottoir ordinaire, rue Ste-Catherine. Seringues et capotes à profusion!


Coin Dalcour et Ste-Catherine, au coeur du village, verre cassé, plaque de fonte de la ville cassée et vieux ciment séché dans un petit "parc".


Entrée de côté du K.O.X. quatre seringues derrière la grille et sur les marches, de l'urine et du sang!


Coin René-Lévesque et Wolfe, on vient pourtant d'y construire des dizaines de condos!


Entrée avant du K.O.X., rue Ste-Catherine. Rien à faire, le propriétaire n'est jamais venu nettoyer sa propriété et impose au quartier sa définition du respect! À noter ici que Danny arrive à faire un petit ménage de temps en temps mais derrière la grille, rien à faire!


Derrière le bureau de poste rue Ste-Catherine, un jour après le ménage de Danny. Des dizaines de capotes, seringues et excréments humains.


Un parc du Centre-Sud. Des cailloux, de la pierraille partout, pas de pelouse, rien que de la mauvaise herbe et des seringues. Que fait la ville? Rien depuis au moins quatre mois!


Vestige d'un temps plus glorieux, ce vélo est tout ce qui reste de la vie dans les parcs du Centre-Sud, même les oiseaux n'y viennent plus chanter. Quant aux enfants, les parents, terrorisés, leur interdisent d'y jouer!


Entre Champlain et Alexandre-de-Sève, des caisses vides de seringues traînent par terre, c'est par centaines qu'elles se retrouvent dans la pelouse, les carrés de sable et sous les balançoires. Un organisme communautaire distribue toutes les seringues nécessaires aux narcomanes qui en font la demande. «Faut empêcher la propagation du SIDA chez les narcos!!». Et chez les enfants alors?

Devant le McDonald de la rue Ste-Catherine et Papineau, en plus de ne contribuer en rien à la vie communautaire du Village, son gérant ne se donne même pas la peine de ramasser les seringues devant sa porte. Un chausson avec ça?


La population locale du Centre-Sud déserte maintenant les parcs. Quand vous n'avez que des seringues souillées, des plaques de sang partout sur les bancs, des capotes pleines de sperme sous vos pieds et un beau tas de merde humaine franchement déposée sous votre nez autour de vous, inutile de chercher les résidants. Même les employés municipaux n'y vont plus, leur convention collective ne les oblige pas à se suicider, quand même!

Montréal, autrefois phare économique et social du Canada, est définitivement devenue un bidonville digne des pays les plus pauvres de la planète. Fierté? Oubliez ça! Trahis par le maire, les citoyens choisissent de ne même plus se promener dans les rues, ruelles et parcs, faute d'une décence minimum!

Monsieur Bourque a certainement des décisions très importantes à prendre quant à la situation actuelle. Est-ce un signal ou un message envoyé à ses administrés que de refuser depuis quelques années de planter des fleurs dans les parcs du Centre-Sud? Est-ce que Monsieur le maire se rend compte de la gravité de la situation alors qu'il parade dans le village lors de la Fierté Gaie?

 

 

«Je me suis souvent demandé si les responsables de ces déchets étaient les gais du quartier. Après tout, ils sont majoritaires ici! Je me suis vite ravisé à la fin des festivités de la Fierté Gaie. Malgré tous les touristes et les centaines de milliers de gais dans le village, je n'ai constaté aucune augmentation, même sensible, des déchets biomédicaux dans les parcs, rues et ruelles. Comme quoi nous savons vivre!», conclut Danny, l'oeil humide.


Message personnel du journaliste: Lors de ma rencontre avec Danny Raymond, j'ai découvert un homme unique et affreusement convaincu qu'il pourra, avec un peu de temps et d'aide, nous livrer un quartier à la hauteur de ce que nous sommes. En agissant ainsi, Danny a voulu rentabiliser son aide sociale mais aussi, faire sa part pour la communauté gaie dont il semble assez fier. Mais voilà, Danny termine ses journées à la soupe populaire, faute d'argent pour se payer un seul vrai repas. Il ne quête personne! Il n'agresse personne contrairement aux squeegees et tout ce qu'il fait, il le fait le sourire aux lèvres et l'amour de son quartier au coeur. Je crois personnellement qu'il est vital de soutenir cette initiative. Danny tente de se trouver des partenaires financiers pour l'aider à laisser l'aide sociale et lui permettre de recevoir un salaire décent pour continuer le même travail.

J'aimerais donc suggérer aujourd'hui de prioriser ce garçon au grand coeur. D'après nos informations, Monsieur André Boulerice, député du quartier, aurait décidé de prendre sous son aile protectrice le jeune bénévole et de tenter de lui trouver une subvention pour qu'il fonde un Organisme Sans But Lucratif qui lui permettrait un meilleur traitement salarial! D'ici-là, ne ratez pas une seule occasion de lui parler mais aussi, de lui verser quelques sous. Vous lui permettrez peut-être ainsi de se payer un nouveau balai? Une nouvelle pince ramasse-seringue? Ou simplement un bon steak!

 

En 4 mois de travail, Danny Raymond a ramassé:

48,000 enveloppes de seringues

1550 lbs de verre cassé

1600 seringues

2600 condoms

24,000 kleenexs souillés par du sang ou du sperme

7200 bouteilles de jus


...et ça, c'est seulement ce qu'il arrive à voir à temps!