Par Le National
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Le G8 se penche sur la cyber criminalité!

par Adam Tanner

BERLIN, Oct 24 (Reuters) - Les experts en matière de sécurité informatique des pays les plus industrialisés se sont réunis mardi à Berlin pour tenter d'élaborer une nouvelle approche de la cyber-criminalité.

"Le vol de données et l'espionnage, les fraudes à la carte de crédit, la pédophilie, l'extrémisme de droite et le terrorisme sont de plus en plus courants sur internet", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, s'adressant à la centaine d'experts dépêchés par les gouvernements du G8 et les entreprises du secteur.

"Aujourd'hui déjà, les pertes engendrées par la cyber-criminalité se chiffrent à 100 milliards de marks (42,9 milliards de dollars) par an. Et ce n'est sans doute qu'un début", a-t-il poursuivit.

Illustrant les propos du ministre, Michael Sussmann, le représentant de la délégation américaine, a rappelé le vol de dix millions de dollars aux dépens de Citibank dont un hacker russe s'était rendu coupable en 1994 sans autre moyen que son ordinateur portable.

Evoquant le danger que le piratage représente pour les secteurs vitaux de l'économie, Timur Lakhonin, le représentant russe, a cité l'attaque menée en 1998 contre Gazprom, le fleuron de l'industrie russe.

Otto Schily, ministre allemand de l'Intérieur, a pour sa part souligné le fait que l'immense majorité des crimes commis par le biais d'internet en Allemagne trouvaient leur origine à l'étranger.

"Les réseaux de données mondiaux ne connaissent pas de frontières et les cyber-criminels ne s'arrêtent évidemment pas aux limites de notre territoire. Sur l'ensemble des activités criminelles enregistrées en 1999, 80% montrent des indices qui mènent aux Etats-Unis, au Canada, au Japon, en Australie et en Russie", a-t-il précisé.

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Equilibre entre respect de la vie privée et sécurité

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Selon les experts rassemblés pour l'occasion, les hackers s'en prennent constamment aux gouvernements et au secteur privé, parfois avec l'intention de commettre un délit, mais le plus souvent par simple défi intellectuel.

Les logiciels qui permettent aux pirates de s'introduire dans les systèmes informatiques sont largement diffusés sur internet. Dans certains pays comme la Russie, on les trouve même en vente sur les marchés.

Pour la ministre allemande de la Justice, Herta Daeubler-Gmelin, il est du devoir des gouvernements de soutenir l'évolution technologique pour faire en sorte qu'elle apporte rapidement les moyens de repérer les activités informatiques illégales.

"Si la situation actuelle perdure, nous devrons réclamer l'assistance étrangère et attendre l'approbation, autant dire qu'il vaut mieux oublier l'idée d'arrêter le criminel. Nous devons rendre possible technologiquement un moyen de remonter à travers le réseau jusqu'à la machine du criminel", a-t-elle déclaré.

Les représentants se sont prononcés en faveur d'une harmonisation des législations, mais pour y parvenir, les gouvernements devront d'abord accorder leurs violons.

Qui plus est, de nombreux experts, appuyés par le ministre allemand des Affaires étrangères, ont estimé qu'étendre le pouvoir des autorités sur le réseau entamerait le respect de la vie privée dû aux internautes.

"Notre objectif n'est pas celui (...) d'une transformation du net en une structure policière mondiale", a déclaré Joschka Fischer.

"Dans la société de l'information, où se trouve le juste équilibre entre le respect des libertés fondamentales et la sécurité ?", s'était-il interrogé à l'ouverture de la conférence. La question reste posée. /JPL