Par Le National
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Crottes de chiens : Paris se lance dans le ramassage obligatoire

PARIS, 9 oct (AFP) - Paris s'est lancé mardi dans une nouvelle politique de lutte contre les crottes de chiens, fléau coûteux qui macule ses rues, en optant, comme New York ou Londres, pour le ramassage obligatoire par les propriétaires, assorti de lourdes amendes.

Ville de Paris

Yves Contassot, adjoint (Vert) du maire de Paris Bertrand Delanoë, chargé de la propreté, a détaillé son plan anti-crottes, qui commence par la pédagogie, continue par la répression et vise à faire entrer le ramassage dans les moeurs parisiennes au premier semestre 2002.

L'enjeu : 16 tonnes de déjections par jour, produites par 200.000 chiens, provoquant 650 accidents par an et coûtant 70 MF d'enlèvement-nettoyage. "Soit la construction de 4 crèches", s'insurge M. Contassot.

Pour lui, les campagnes de jadis "Apprenez-lui le caniveau" étaient erronées. D'ailleurs les caniveaux sont inaccessibles à cause des voitures. "Il faut revenir au comportement citoyen de base".

La mairie s'appuie sur une étude qualitative (institut IREQ) menée auprès de trois types de propriétaires (seniors, femmes de moins de 60 ans, hommes de moins de 50 ans). Le principal obstacle serait non le dégoût, mais le regard des autres. Il faut donc, selon l'élu Vert, faire du ramassage "le bon geste", "le geste qui sauve".

Un arrêté, pris avant la fin de l'année, va le rendre obligatoire, y compris dans les caniveaux.

"J'aime mon quartier, je ramasse"

Plus de cent distributeurs de sacs plastique ad hoc vont être installés dans les rues et squares de la capitale. En 2001, 1,2 million de ces sacs marqués "j'aime mon quartier, je ramasse" (0,7 centimes l'un) auront été donnés aux passants, dans un but essentiellement pédagogique.

En première ligne, cinq arrondissements-pilote (III, IV, VII, XV, XVII) où des éducateurs canins iront jusqu'à la mi-novembre, à l'heure des promenades sanitaires, expliquer aux propriétaires qu'il est facile de laisser la rue propre après leur passage.

Seront également distribuées des pochettes vertes contenant ces sacs de ramassage à accrocher au collier de l'animal.

L'étude montre que la peur du gendarme reste la première motivation. "Nous nous dotons d'une force de dissuasion", souligne M. Contassot. Elle est actuellement de 70 inspecteurs. Avant fin 2001, grâce à l'élargissement des compétences des "contractuelles" habilitées à verbaliser et à demander les papiers d'identité, elle passera à 2.000.

Les amendes sont en moyenne de 1.200 F (jusqu'à 3.000 si récidive).

Fini les canisettes, ces coins de chaussée réservés aux chiens qui coûtent 35.000 F l'une et n'ont servi à rien, car les animaux ne s'exécutent pas sur commande et aiment choisir leur macadam, selon M. Contassot.

Fini aussi, en 2004, le contrat de 35 MF par an liant la ville à la société Ridalis pour les rotations de 140 motocrottes. Celles-ci ne ramassent que 20% du tonnage quotidien et coûtent la moitié du budget enlèvement.

Enfin, le classement des rues en "zones sensibles" en fonction de leur saleté va être revu avec les maires d'arrondissements.

Que fera la mairie si cette énième tentative échoue ? "La demande des Parisiens est énorme", répond M. Contassot. "Quand il y a une telle pression sociale et une telle volonté politique, cela ne peut pas rater".