Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Jean Charest, chef du Parti Libéral du Québec, dans l'eau chaude après l'envoi d'un communiqué sur le SIDA!

Il est assez rare que le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale du Québec se place dans des situations délicates mais voilà qu'après l'envoi d'un communiqué pour la Journée mondiale du SIDA, le premier décembre dernier, les sidéens sont en train de lui tomber sur la tête. Lui qui souhaitait tant faire une percée dans la communauté gaie, voilà qu'il doit expliquer son propre comportement face aux personnes atteintes du SIDA.

On se souvient que Le National a publié la semaine dernière un dossier sur ce représentant du Parti Libéral, Dany Lizotte, qui se permettait d'envoyer des communiqués aux médias, au nom du Parti Libéral du Québec et qui allait même jusqu'à prendre position et parler au nom de son chef. Or, d'après le Parti, dans un communiqué officiel envoyé au National, monsieur Lizotte n'avait jamais eu l'autorisation d'envoyer des communications officielles et encore moins de prendre position dans des dossiers comme le SIDA.

Il est toutefois préoccupant de remarquer que la décision de désavouer publiquement le représentant Lizotte ne s'est faite seulement qu'après l'intervention du National qui souhaitait vérifier l'authenticité du communiqué vu l'ampleur des propos qu'on imputait au chef Charest. Afin de rétablir les faits dans leur contexte politique quant au programme du parti libéral du Québec, Le National avait invité monsieur Jean Charest à une courte entrevue. Cette demande avait été acceptée par son principal attaché politique, une date restait à fixer la semaine suivante.

Mais voilà, les semaines passent et on nous informait hier que le chef avait très peu de temps à sa disposition et qu'il serait préférable de parler à la députée Lamquin-Éthier, porte-parole des libéraux en matière de SIDA! Oui mais voilà, le communiqué cite Jean Charest. Depuis, impossible de parler à Charest du contenu du communiqué pourtant envoyé à plusieurs médias.

Il y a de quoi! Dans le communiqué envoyé au National, Lizotte, en affirmant parler au nom de son chef, déclare <<Le Chef du Parti libéral du Québec, Monsieur Jean Charest, est une personne très consciente de cette maladie et surtout très attristée de voir des gens en souffrent et même d'en mourir. (sic)>> Et on va même jusqu'à ajouter <<vous êtes des modèles et des héros. Au nom du Parti libéral du Québec, je vous lève mon chapeau.>> et Lizotte signe. (Le caractère gras est du National)

Voilà toute une déclaration qui est loin de faire plaisir aux personnes atteintes du SIDA et aux séropositifs du Québec puisque les statistiques démontrent qu'en plus d'être non autorisé, le communiqué n'est qu'une grossière exagération des interventions du parti en matière de SIDA!

D'abord, il faut tout de suite dire ici qu'à l'époque des libéraux, les sidéens décédaient faute d'accès aux médicaments puisqu'ils devaient payer, dans la majorité des cas, des sommes importantes rien que pour obtenir un traitement d'appoint. À cette époque, la trithérapie n'existait pas. Les libéraux n'ont donc rien fait pour aider les sidéens et ce, même si leur chef actuel se déclarait très attristé de voir des gens en souffrir en en mourir..., dans le communiqué de Lizotte.

De plus, il faut lire les débats de l'Assemblée nationale du Québec pour découvrir que les interventions en chambre des députés libéraux en matière de SIDA ont toujours été très courtes alors que le chef considère les sidéens "des modèles et des héros"... Voilà de quoi surprendre tout le monde. Est-ce que le Québec serait tellement en manque de héros qu'il irait jusqu'à valoriser des personnes en phase terminale d'une terrible maladie comme des modèles à suivre? Car quand Lizotte cite Charest et dit "Modèles" c'est bien de cela qu'il s'agit, d'images à suivre!

Allez les jeunes, faites-vous vite sauter sans protection pour attraper le SIDA et faites-le à répétition, on vous valorisera! C'est pourtant le message envoyé par Lizotte au nom du PLQ. Valoriser un comportement qui mène à la mort relève, à notre avis, d'un manque de respect envers l'ensemble de la communauté qui compte les morts du SIDA par milliers.

Même si monsieur Charest semble penser le contraire, il ne faut pas oublier que le Québec compte de véritables héros et modèles dans ses intellectuels, ses universitaires et ses scientifiques. Les sidéens ne sont certainement pas des modèles et, d'après les personnes interrogées par Le National, ces derniers se foutent radicalement de savoir que le PLQ parle d'eux comme des modèles... Si monsieur Charest leur lève son chapeau, les sidéens eux, lui lèvent autre chose...

COMMUNIQUÉ INTÉGRAL

Montréal, le 30 novembre 2000

Madame, Monsieur,

Aujourd'hui, 1er décembre 2000, est une journée très importante pour plusieurs Québécoises et Québécois, c'est la Journée mondiale du SIDA. Toute l'année nous devrions nous en souvenir, mais pour démontrer l'impact de cette maladie qui tue trop de gens encore de nos jours, il est parfois bon d'en souligner la présence officiellement.

Le Chef du Parti libéral du Québec, Monsieur Jean Charest, est une personne très consciente de cette maladie et surtout très attristée de voir des gens en souffrir et même d'en mourir.

Je désire transmettre aux gens atteint du VIH/SIDA, nos messages d'espoir et d'amour. Le Chef, les député(e)s, les officier(ère)s et les militant(e)s du Parti libéral du Québec vous encourage à continuer votre TRÈS courageux combat contre cette maladie, vous êtes des modèles et des héros.

Au nom du Parti libéral du Québec, je vous lève mon chapeau.

Danny Lizotte, Parti libéral du Québec


L'éditeur du National, Roger-Luc Chayer, s'adresse aux personnes souffrant du SIDA ou séropositives

Comme vous le savez surement, Le National est le média qui publie le plus de nouvelles sur le SIDA et les perspectives à long terme quant aux traitements. Laisser passer un tel communiqué sans rien dire aurait été, à mon avis, la pire insulte à faire à la mémoire de ceux qui sont morts dans de terribles souffrances et dont les années de malheur n'auraient servies qu'à alimenter les aspirations politiques d'un militant qui n'a rien compris à cette maladie et qui implique les plus hautes instances de son parti dans un discours grave pour les jeunes. Est-ce que monsieur Charest aurait mieux fait de nous accorder une entrevue? Certainement, puisqu'il aurait pu nous dire ce qu'il pensait réellement faire pour les sidéens cette année...