Par Le National
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Après une catastrophe, plus de filles que de garçons?

C'est ce qu'ont voulu vérifier le démographe et anthropologue, Jacques Marleau, du Centre de recherche de l'Institut Philippe Pinel, et le psychiatre, Jean-François Saucier, de l'Hôpital Ste-Justine, à savoir si des femmes enceintes, qui ont vécu un événement traumatisant, donnent naissance à des filles plutôt qu'à des garçons.

Les deux chercheurs ont réalisé une étude pilote, concernant le sexe des enfants nés dans les mois qui ont suivi les inondations du Saguenay, en juillet 1996, et la tempête de verglas, en janvier 1998. Ils ont voulu voir si le stress psychologique, subi par des femmes enceintes, pouvait altérer le rapport de masculinité (le nombre de garçons par rapport au nombre de filles) par des modifications hormonales autour de la période de conception ou par l'augmentation de la perte précoce d'embryons mâles.

Ils ont constaté que neuf et dix mois après la tempête de verglas, le rapport de masculinité a diminué. Beaucoup plus de filles sont nées à Laval et à Lanaudière. Les naissances féminines ont été également plus nombreuses dans les Laurentides et en Montérégie dix mois après la crise. A Montréal, il n'y a pas eu de différence.

Par contre, en ce qui concerne les inondations du Saguenay-Lac-St-Jean, les scientifiques ont observé plus de naissances masculines en général et n'ont pas constaté plus de bébés filles dans les régions touchées par la catastrophe. Ils en déduisent que les inondations n'ont eu aucun effet sur les naissances.

Jacques Marleau et Jean-François Saucier ont exposé le résultat de leur étude à l'occasion du colloque sur les conséquences des catastrophes et des événements traumatiques, qui s'est tenu à l'Université du Québec à Chicoutimi, du 24 au 26 octobre.