Par Le National
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Calculs biliaires: un gène de susceptibilité mis en évidence

PARIS (AP) -- Des médecins et des chercheurs français viennent de mettre en évidence l'existence d'un gène de susceptibilité dans la survenance de certaines formes graves de lithiase biliaire, une maladie qui se caractérise par la présence de calculs dans les voies biliaires.

Les travaux, qui seront publiés dans le numéro de mai de la revue scientifique américaine Gastroenterology, sont le résultat d'une collaboration entre le Pr Raoul Poupon, chef du service d'hépato-gastro-entérologie de l'hôpital Saint-Antoine à Paris, le Dr Olivier Rosmorduc, clinicien chargé des maladies génétiques dans ce service, et le Dr Brigitte Hermelin, biochimiste, du service commun de biologie moléculaire de l'établissement.

Cette découverte ''devrait permettre de prévenir les rédicives chez les patients atteints des formes graves de la maladie, et de supprimer les symptômes, notamment la douleur'', a déclaré mardi à l'Associated Press le Dr Rosmorduc. C'est la première fois, selon lui, que des chercheurs trouvent un gène de susceptibilité lié à une maladie fréquente pouvant donner lieu à des complications graves.

Les scientifiques ont d'abord mis en évidence un ensemble de signes chez des adultes jeunes (moins de 50 ans). Tous souffraient d'une maladie lithiasique symptomatique, c'est-à-dire qu'ils présentaient des calculs vésiculaires associés à la présence de calculs microscopiques de cholestérol dans la bile, détectés grâce à un examen échographique. Ils présentaient par ailleurs des anomalies biologiques hépatiques.

La lithiase cholestérolique est la forme la plus fréquente de lithiase bilaire (80. Celle-ci se caractérise par la formation de calculs de cholestérol dans la vésicule biliaire due à un excès de cholestérol biliaire.

Les scientifiques ont émis l'hypothèse que cet ensemble de signes pourrait être provoqué par un défaut de phospholipides biliaires. Ces phospholipides présents dans la bile assurent la solubilisation du cholestérol. Or la concentration des phospholipides dans la bile est déterminé par l'activité d'un gène, le gène de la protéine MDR3, mis en évidence en 1993.

Les chercheurs ont donc décidé de séquencer (d'observer l'enchaînement des nucléotides qui composent l'ADN) le gène MDR3 chez une série de patients. Ce séquençage a montré des mutations systématiques du gène, expliquant chez eux la diminution des phospholipides biliaires.

Chaque année, 2.000 nouveaux cas de lithiase biliaire -formes bénigne et grave confondues- sont enregistrés en France. Dans les pays industrialisés, 10 à 20% de la population est concernée. Les femmes sont plus touchées que les hommes. L'obésité chez la femme, encore plus que chez l'homme, mais aussi le manque d'exercice physique et une perte de poids trop rapide favorisent la survenance d'une lithiase.