Par Le National
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Préservatifs et génériques au menu du plan Bush de lutte contre le sida en Afrique

WASHINGTON (AP) - En annonçant un doublement des fonds américains pour la lutte contre le sida en Afrique, le président George W. Bush risque d'avoir déconcerté une partie de l'opinion publique américaine.

Dans son discours sur l'état de l'Union, George W. Bush a annoncé 15 milliards de dollars d'aides sur cinq ans pour les pays africains touchés par cette maladie, un programme qui comprend le recours aux préservatifs et aux médicaments génériques.

Cette prise de position en forme de revirement pourrait coûter cher au chef de l'exécutif américain, dont l'administration se préoccupe attentivement des conservateurs chrétiens, qui considèrent que les préservatifs encouragent la promiscuité. L'administration Bush ménage également les laboratoires pharmaceutiques qui cherchent à protéger leur brevet.

Par contre, les militants de la lutte contre le sida ont été surpris... mais ravis par l'intervention du président Bush.

"Inspirant et vraiment sincère", a constaté Sandra Thurman, ancienne responsable de la question du sida dans l'administration Clinton et désormais présidente du Fonds international contre le sida. "Son plan peut sauver des millions de vies."

Salih Booker d'Action Afrique a également salué ce changement de position, en soulignant que "c'est un tournant avec l'accent mis sur le traitement et non plus sur l'abstinence".

Les médicaments génériques du traitement du virus VIH produits par Cipla, un laboratoire indien, figureront parmi ceux recommandés aux 14 pays récipiendaires de l'aide américaine, a précisé Anthony Fauci, un haut responsable des Instituts nationaux de la santé (NIH).

Pas plus tard qu'en novembre dernier, les négociateurs américains avaient pressé l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de limiter les médicaments génériques aux marchés intérieurs et de les interdire à l'exportation. Pour mémoure, les groupes pharmaceutiques occidentaux apportent des contributions généreuses au Parti républicain de M. Bush.

De plus, la distribution de préservatifs sera partie intégrante de la campagne de prévention, tout comme l'enseignement de l'abstinence, a souligné Anthony Fauci. Et ce afin de rassurer les nombreux conservateurs chrétiens, soutien essentiel de George W. Bush au niveau national, qui mettent l'accent sur l'abstinence.

Lors d'une conférence de presse, Anthony Fauci a déploré que l'attention portée sur les préservatifs et l'abstinence ait éclipsé les autres éléments de la politique de prévention.

"Il y a 12 points de prévention", a-t-il rappelé dont la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, les campagnes médiatiques et la vérification de l'innocuité des dons de sang utilisées dans les transfusions.

Enfin, des responsables de l'administration Bush ont assuré que ces propositions n'avaient rien à voir avec la politique.

"Il n'essaie pas de gagner le vote des Afro-américains", a assuré Jendayi Frazer, conseiller de la Maison Blanche pour l'Afrique au sein du Conseil de sécurité nationale. "Cela découle de son idée qu'il faut préserver la dignité humaine." AP

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