Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Sauna gai attaqué; deux morts, l'auteur d'une pièce de théâtre menacé de mort et l'adoption par l'Assemblée nationale française d'une loi sur l'homosexualité!

Par OOups! 02/11/99 Deux morts et un blessé grave lors d'un braquage dans un sauna parisien. Deux employés de l'Euro Men's Club, un sauna gay du 2e arrondissement de Paris, ont été tués et un troisième grièvement blessé lors d'un vol à main armée. Des coups de feu ont été tirés à l'intérieur du sauna vers 22h45 lundi soir. La police a découvert à son arrivée sur les lieux les corps des deux victimes, deux hommes de 27 et 34 ans. Le troisième employé, grièvement blessé, a été transporté à l'hôpital et les médecins ne se sont pas prononcés sur son sort. La brigade criminelle a été chargée de l'enquête.

Par OOups! 02/11/99 Fatwa lancée contre l'auteur d'une pièce de théatre avec un Jésus gay. Des musulmans britanniques ont lancé une "fatwa" condamnant à mort le dramaturge Terence McNally, auteur d'une pièce de théatre faisant de Jésus un gay. La pièce, intitulée "Corpus Christi, montre un Jésus homosexuel trahi par son amant Judas et crucifié en tant que "Roi des homos". Le cheikh Omar Bakri Muhammad a déclaré aux journalistes que Terence McNally risquait d'être arrêté et exécuté s'il voyageait dans un pays islamique. "Mais cela ne devrait intervenir que sur une terre musulmane. Nous ne croyons pas aux assassinats politiques mais il risque à l'évidence la peine capitale". Le religieux musulman s'est scandalisé du manque de réaction des autorités chrétiennes. "L'Église d'Angleterre a négligé (de défendre) l'honneur de la Vierge Marie et de Jésus, a-t-il dit. "C'est un blasphème de leur part de ne pas avoir réagi". Une copie de la "fatwa"(décret islamique) a été distribuée devant le théâtre de Londres où la pièce, intitulée "Corpus Christi", est actuellement à l'affiche. Selon la presse britannique, le dramaturge a été prévenu par la police à son domicile new-yorkais. Les musulmans considèrent Jésus comme un "messager de Dieu", ce qui a poussé le mouvement Al-Mouhajiroun et le cheikh Muhammad à déclarer la pièce "basphématoire". La pièce avait déjà provoqué des remous lorsqu'elle était à l'affiche à New York et au festival d'Edimbourg (Écosse).

D'après Adventice.

13 octobre 1999. L'Assemblée Nationale adopte définitivement le PACS. Pratiquement un an après un retentissant échec, la majorité a définitivement adopté le pacte civil de solidarité. Le texte venait en effet en discution pour la quatrième fois à l'Assemblée Nationale (soit la septième lecture parlementaire en incluant les étapes au Sénat).

Dans un hémicycle quasiment plein pour l'occasion, 315 députés (PS, PC, RDC, MDC et Verts) ont voté en faveur de la proposition de loi contre 249 (UDF, RPR et DL), et quatre se sont abstenus. Seuls Roselyne Bachelot (RPR, Maine-et-Loire) et G. Grignon (UDF, Saint-Pierre-et-Miquelon) ont voté pour dans l'opposition. A. Madelin (DL, Ille-et-Vilaine), J.L. Borloo (UDF, Nord), P. Séguin (RPR, Vosges) et J. Desallangre (MDC, Aisne) se sont abstenus alors que l'indépendantiste martiniquais A. Marie-Jeanne (divers gauche) a voté contre.

Ce débat autour d'un problème de société restera probablement l'un de ceux qui aura déclenché le plus de passions et de controverses dans les annales parlementaires totalisant 110 heures de discussion à l'Assemblée et près de 2200 amendements. Abordé initialement avec une rétissence certaine par la classe politique, l'homosexualité est finalement devenu un sujet social à part entière dans la cité. Plus encore, il aura permis de ringardiser le discours homophobe, montrant que la société française est beaucoup plus mure et ouverte que ce que pouvait penser certains dirigeants politiques. Les discussions d'aujourd'hui et d'hier ont permis de dernières passes d'armes entre la majorité et l'opposition, les débats étant cependant racourcis par l'impossiblité au cours de cette dernière lecture d'amender le texte. "Je ne regrette pas le temps passé à discuter", a déclaré la Garde des Sceaux Elisabeth Guigou, notant que ce débat "a permis aux esprits d'évoluer", y compris à droite, "de faire reculer l'homophobie". "Personne au Parlement n'ose aujourd'hui se déclarer ouvertement homophobe : c'est un progrès et un symbole", a-t-elle ajouté.

J.P. Michel (MDC), rapporteur de la proposition de loi : "C'est un texte d'équilibre. C'est une avancée sociale considérable", jugeant "totalement d'arrière-garde" le combat de l'opposition contre le PACS. Il a salué "un texte qui donne plus d'égalité, plus de liberté, plus de fraternité, et donc une loi républicaine". L'opposition n'a pas varié dans ses positions : "Votre texte est inutile et dangereux" a repris C. Goasguen (DL, Paris). "Nous pensons que cette loi est injuste pour les familles, qu'elle est injuste aussi pour les concubins, qu'elle est injuste aussi pour les enfants, qu'elle est injuste aussi pour les célibataires. Nous nous y opposons pour ces raisons", a commenté P. Devedjian (RPR, Hauts-de-Seine). La passionaria traditionaliste, Christine Boutin (UDF, Yvelynes) n'a pas failli à sa réputation ; elle a solannellement invité le Président de la république à demander une nouvelle délibération : "Le président de la République est aujourd'hui le seul recours du peuple pour empêcher une loi qui constitue un effondrement des repères sociaux essentiels". Beaucoup jugeaient néanmoins une telle éventualité non conforme à la Constitution et G. Hascoet (Verts, Nord) a ironisé : "Si vous aimez bien le Président, épargnez lui cela!". A. Tourret (RDG, Calvados) a dénoncé les avocats du "retour à l'ordre social et moral".

D'ores et déjà, les députés de l'opposition ont saisi le Conseil Constitutionnel, qui dispose d'un mois pour rendre son avis. Les défenseurs du PACS restent confiant vis à vis de cette saisine et ne craignent pas de censure de la loi. Au pire, quelques dispositions à la marge pourraient être invalidées sans remettre en cause l'équilibre actuel du texte. Après cette étape, la publication des décrets d'application permettra son entrée en vigueur effective.

E. Guigou s'est personnellement engagée à "tout faire pour que ce PACS puisse, en pratique, exister avant la fin de l'année", sous les applaudissements de la majorité. À l'issue du vote, les associations homosexuelles saluaient l'adoption du PACS tout en souhaitant poursuivre le débat pour l'améliorer (signature en Mairie, suppression des délais, protection juridique du partenaire étranger...) et aborder la question de l'homoparentalité qui a maintenant cessé d'être taboue.