Par Le National
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Brézil, des toilettes pour gais. Éthiopie: On meurt plus du SIDA que de la famine! Les homosexuels, un pouvoir d'achat incontestable!

Indignation au Brésil au sujet de toilettes pour gays

BRASILIA, 7 avril (Reuters) - La campagne que mène un député brésilien pour l'ouverture de toilettes spécialement réservées aux homosexuels et aux travestis dans les lieux publics a provoqué une levée de boucliers dans le pays.

Le député Wilson Lima a proposé que ces troisièmes toilettes aménagées notamment dans les bars et les restaurants soient réservées à ce qu'il a pudiquement appelé "les personnes aux orientations sexuelles différentes".

Accusé d'encourager la discrimination contre les homosexuels et travestis, il s'en défend.

Il explique qu'au contraire l'idée lui est venue en constatant l'embarras d'un travesti qui hésitait entre deux options délicates dans une boîte de nuit.

Soit il utilisait les toilettes des hommes où il aurait pu être roué de coups, soit il choisissait celles des femmes où il risquait d'être dénoncé et exclu.

"Pensez-y: il n'avait nulle part où aller. Mon idée est précisément de combattre la discrimination", s'est justifié le député.

L'Ethiopie aurait plus à craindre du sida que de la famine

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ADDIS ABEBA (Reuters) - L'Ethiopie est menacée par le sida davantage encore que par la famine, ont jugé des responsables des services de santé, chiffres préoccupants à l'appui.

L'an dernier, près de 300.000 personnes sont mortes des conséquences du sida - soit plus de 800 par jour - et on évalue à trois millions environ le nombre de personnes séropositives risquant de développer la maladie, sur une population de 60 millions.

"Le sida est une crise bien plus grave à laquelle est confrontée l'Ethiopie que la famine", a déclaré un expert à Reuters.

"Au risque de paraître cynique, je suis stupéfait par la réaction du gouvernement éthiopien et de l'Occident face à la pénurie de vivres comparé à leur réaction face au sida", a-t-il ajouté.

Addis Abeba a demandé à la communauté internationale 800.000 tonnes de vivres pour nourrir quelque huit millions de personnes menacées de famine par la sécheresse et les mauvaises récoltes.

Mais, a déploré un membre de la Commission gouvernementale de prévention des catastrophes, "presque personne n'a encore tenu sa promesse cette année. Peu de choses se passent, excepté dans les médias".

Les homosexuels, des consommateurs de plus en plus courtisés

LONDRES, 9 avr (AFP) - Ils ont souvent de bons salaires, une éducation supérieure et un intérêt marqué pour la mode: rien d'étonnant à ce que les homosexuels en Grande-Bretagne soient de plus en plus courtisés par des sociétés et des publicitaires attirés par la "livre rose" (pink pound).

Les agences de voyage "gay-friendly", comme Respect, achètent des pleines pages de publicité dans l'hebdomadaire homosexuel londonien The Pink Paper.

De Manchester à Newcastle, les villes anglaises jouent des coudes pour attirer un tourisme gay en plein essor.

Même les "majors" s'y mettent. Le magasin Virgin (livres, disques, vidéo) sur Oxford Street, en plein centre de Londres, propose des "gay-shopping nights". IKEA (ameublement) et Body Shop (cosmétiques) prennent garde à inclure la communauté homosexuelle dans leurs campagnes publicitaires.

Sentant la bonne affaire, une agence de relations publiques, Countrywide Porter Novelli, a lancé lundi un service, Scene, pour la première fois exclusivement destiné à aider les entreprises et les institutions à cibler la population gay.

"C'est ce qu'on appelle le phénomène du pink pound", explique Justin Webb, rédacteur en chef du Pink Paper. "Si autant de compagnies dépensent autant de temps et d'argent à essayer de séduire le marché gay, c'est que nous sommes dans l'ensemble plus riches et surtout plus enclins à dépenser notre argent que le reste de la société", ajoute-t-il.

Scene estime à 6 millions le nombre d'homosexuels en Grande-Bretagne sur une population de près de 59 millions.

"Nous avons un pouvoir d'achat plus élevé que les hétérosexuels. 95% des homosexuels n'ont pas d'enfants, et 43% sont diplômés", souligne Justin Webb.

L'explosion de l'offre commerciale à destination des homosexuels a été rendue possible par une maturation des esprits.

"Il y a une réelle évolution de la société car les gens sont de plus en plus à l'aise avec leur sexualité. Et de leur côté, les groupes homosexuels commencent eux aussi à être moins politisés, moins enfermés dans leur ghetto, et à finalement rentrer dans le courant dominant", explique Louis Létourneau.

Ce Canadien installé à Londres a fondé Rainbow Finance, une société qui propose des contrats d'assurance et des fonds de pension "non discriminatoires à l'égard des homosexuels", traditionnellement défavorisés dans ce domaine.

Se faire un nom sur le marché homosexuel peut être pour une société un formidable tremplin pour accéder à une notoriété plus large, en particulier dans la mode.

La marque américaine Calvin Klein s'est ainsi d'abord fait connaître grâce à une ligne de sous-vêtements qui a fait des ravages au sein de la communauté gay.

"Les gays sont souvent des précurseurs en matière de tendance. De nombreux produits se font d'abord connaître dans les milieux gays: c'est l'effet boule de neige", explique Adrian Gillan, consultant pour Scene et homosexuel comme une bonne partie du personnel du service.

Mais pour autant, les sociétés qui partent à l'assaut du marché gay doivent le faire avec infiniment de précautions.

La communauté homosexuelle est certes a priori sensible à l'écho rencontré par ses valeurs ou son esthétique. "Mais ces publicités peuvent également être préjudiciables parce qu'elles ne reflètent souvent qu'une image stéréotypée" de l'homosexuel, met en garde Justin Webb.

D'un autre côté, "ces publicités peuvent aussi souffrir d'un rejet de la part du courant dominant qui refuse de s'associer à une imagerie homosexuelle", ajoute le journaliste.

D'où un marketing très pointu. "Le but de Scene est avant tout d'estimer stratégiquement quelle proportion d'homosexuels une marque peut atteindre sans pour autant aliéner les non-gays", résume Adrian Gillan.