Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Autriche: Outing de Jorg Haider. USA: Le Dr.Laura, animatrice d'un talk show homophobe! France: Discrimination... Marseille: Un joueur de foot s'explique sur ses propos.

Autriche :
Outing de Jorg Haider

Dans son édition du 24 mars, le journal britannique The Guardian s’est fait l’écho d’un "outing" orchestré par des journaux allemands et autrichiens qui affirment que Jorg Haider, le leader de l’extrême droite autrichienne, est gay.

Un article intitulé "Jorg voudrait juste un calin" est d’abord paru dans le journal de gauche de Berlin, Tageszeitung (Taz), puis repris dans le quotidien autrichien Der Standard, affirmant que l’homosexualité d’Haider n’est un secret pour personne au sein de la communauté gay de Vienne. Selon le Taz, de nombreux acteurs de la scène gay viennoise seraient d'ailleurs prêts à confirmer ces affirmations.

Jorg HaiderHosi, le plus grand groupe de défense des droits des gays autrichiens a fait savoir qu’il était au courant de l’homosexualité d’Haider depuis une dizaine d’années. Le groupe reste partagé sur cette affaire, estimant d'un côté qu'il est rassurant de voir que des rumeurs sur la sexualité d'une personne ne peuvent plus ruiner sa carrière politique. Ils restent persuadés de l'autre, qu'un outing d'Haider plus tôt aurait été justifié.
De là à dire que la soudaine démission d’Haider de la présidence du FPO, le 29 février dernier, s’expliquerait en partie par la crainte qu’un éventuel outing ternisse son image, il n’y a qu’un pas que certains s’empressent de franchir. L’intéressé, lui, ne s’est livré pour l’instant à aucun commentaire.

Discriminations  :
Scènes de sexisme ordinaire

La palme du propos sexiste et homophobe revient de droit au maire du Plessis Robinson (92), Philippe Pemezec, qui a traité une jeune femme avec qui il avait un contentieux de " brouteuse de gazon ". L’ancienne joueuse internationale et ex-entraîneuse d’une équipe de foot féminine au sein de l’association sportive municipale, Nicole Abar, en a fait les frais en plein conseil municipal. La jeune femme ne s’est pas laissée faire et a porté l’affaire devant la justice. Le 22 mars dernier, le maire comparaissait donc devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour injure publique.
Pour revenir sur le contexte, la jeune femme n’était pas présente lors de ce Conseil municipal durant lequel on évoquait le conflit qui l’opposait depuis deux ans à son ancien club. Ce sont des élus de gauche qui ont rapporté les propos du maire sur procès verbal. Des propos on ne peut plus gras ("Je suis content qu'une telle brouteuse de pelouse soit allée brouter à Bagneux" ou en réponse à un élu lui disant qu’il était allé au fond du dossier : "Donc c'est quand même une femme si tu es allé au fond des choses avec elle.". Tant de finesse laisse sans voix...

Discriminations  :
Scènes de sexisme ordinaire

Soutenue par les Chiennes de Garde, la jeune femme a expliqué au tribunal qu’elle aurait par la suite demandé au maire de pouvoir visionner les cassettes vidéo de la séance du conseil. Le maire lui aurait alors répondu qu’elles s’étaient "auto détruites, comme dans Mission Impossible".
L’audience a donné lieu à des échanges qui pourraient presque être comiques s’ils n’étaient pas aussi pernicieux. L’avocate du maire a notamment tenté d’expliquer que l’expression "brouteuse de gazon" n’était pas injurieuse, considérant qu’il s’agissait d’une reprise d’une expression populaire.
Le tribunal devra donc décider si dorénavant l'esprit gaulois, les poncifes, les expressions populaires peuvent légitimer une discrimination. Il devra aussi déterminer si une insulte qui porte atteinte à une personne d'origine étrangère a plus ou moins d'importance qu'une insulte adressée à une femme ou une lesbienne. Le jugement a été mis en délibéré au 19 avril. On attend son verdict avec impatience...

Voir aussi : l'article dans Libération

USA :
Dr Laura : faites la taire !

Dr LauraDepuis quelques temps déjà, une controverse fait rage outre Atlantique au sujet d’une émission de radio réactionnaire présentée par une certaine Dr Laura.

L
aura Schlessinger de son vrai nom, titulaire d'un doctorat en physiologie et non en psychiatrie comme bon nombre de ses auditeurs le croient, a battit une des plus grosses audiences du pays en proposant une sorte de psy talk show conservateur où elle distribue ses conseils aux appelants.
Dès fin 1998, elle commence à se faire remarquer avec une série d’attaques en règles contre les gays et les lesbiennes. Elle persiste et signe au cours de l’année suivante où la fréquence et la violence de ses attaques ne fait qu’empirer.
Non seulement elle diffame, mais elle donne aussi de fausses informations. Elle décrit notamment l’homosexualité comme une déviance et comme une "erreur biologique". Lorsqu’elle parle de l’American Psychological Association, qui, selon toute vraisemblance devrait être mieux renseignée sur l’approche psychanalytique de l’homosexualité, elle l’associe à une association "pro gay", simplement parce qu’elle ne considère pas l’homosexualité comme une maladie, ni comme un trouble mental, ni comme un problème d’ordre émotionnel.
Les associations pour les droits des gays et des lesbiennes, ainsi que celles pour les droits civils, n’apprécient pas beaucoup la dame et on les comprend. Dr LauraD’autant qu’au delà de sa bêtise évidente, ses propos peuvent avoir des conséquences graves. Les associations sont particulièrement concernées par l’impact que peut avoir sur les auditeurs sa théorie de la thérapie réparatrice, en d’autres mots, la possibilité de guérir de l’homosexualité. Théorie rejetée, il va s’en dire, par tout organisme médical sérieux.
Il est tout aussi évident que le fait de se faire appeler Dr Laura confine à ses propos un sérieux scientifique, et des connaissances médicales, que visiblement elle n’a pas, ou qui du moins passent largement après ses convictions morales.
Face aux conflits d’intérêts financiers, aux groupes de pression et au poids de l'audimat, les groupes protestataires ont bien du mal à se faire entendre. Ils ne désarment pas pour autant. Pour preuve, depuis le 1er mars, un nouveau site, Stop Dr Laura, est entièrement consacré à lutter contre la bigote. Un site drôle, au graphisme sympa, et qui détourne de manière intelligente l’officiel. Vous pourrez notamment y acheter un Tee Shirt : " Are you a biological error ? "

Le site Stop Dr Laura
Le site officiel de Dr Laura

 

Homophobie  :
Quand un footballeur dérape

Rapportés par le régional La Provence, les propos scandaleux du footballeur Eduardo Berizzo, ex-défenseur de l’Olympique de Marseille, ont provoqué les foudres, notamment de l’association Lesbian and Gay Pride - Marseille qui a aussitôt vivement protesté contre "ces intolérables propos homophobes". Dans une interview accordée à un quotidien mexicain, la Cronica de hoy, cité par La Provence, le joueur argentin déplorait qu'il y ait de "purs pédés" dans le football français. Il y affirme aussi qu'il est parti de France "parce qu'il vivait au milieu d'un grand nombre de pédés" et indique "préférer jouer avec un drogué qu'avec un pédé ".

Des propos inacceptables qui ont renforcé les gays & lesbiennes de Marseille et d’ailleurs dans la nécessité d’une loi réprimant les injures homophobes.
Quelques jours plus tard toutefois, le quotidien régional a publié un article dans lequel le joueur nie farouchement avoir tenu les propos qu’on lui prêtait : "Je tiens surtout à ce que mes anciens partenaires sachent que je n'ai jamais dit du mal d'eux, ni de l'entraîneur et surtout pas en ces termes." Le footballeur prétend aussi ne pas connaître le journaliste qui l’a interviewé et n’avoir jamais parlé ni d’homosexualité, ni de pédés, ni de Marseille.
Un démenti qui ne rend pas le joueur homophile pour autant. D’autant qu’il semble plus inquiet d’être mal vu par ses anciens partenaires pour avoir parlé d’eux en ces termes que par la nature même des propos.
La prochaine Lesbian and Gay Pride à Marseille se tiendra, quant à elle, le 1er juillet et aura un thème -hélas- d’actualité : "contre le sexisme, le racisme et l’homophobie".