Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Pourquoi les organismes communautaires ne peuvent dire non aux demandes de vérifications du public?

La semaine dernière, Le National présentait la première partie d'un tête-à-tête entre monsieur André Boulerice, député de Ste-Marie-St-Jacques et Roger-Luc Chayer, éditeur du National dans lequel on pouvait mieux comprendre les circonstances entourant les difficultés financières du Centre Communautaire des Gais et Lesbiennes de Montréal.

Cette semaine, nous vous présentons la suite de cette entrevue dans laquelle monsieur Boulerice parlera plus largement du rôle de transparence des organismes communautaires gais qui recoivent des subventions et qui semblent oublier qu'ils ont des comptes à rendre au public!

Le National: Voulez-vous nous donner votre opinion sur le dossier de Jeunesse Lambda?

Monsieur Boulerice: Jeunesse Lambda est d'abord constitué de jeunes. C'est une qualité, ce n'est pas nécessairement une excuse et tout le monde sait que la jeunesse est quelque chose qui se corrige. Ils ne peuvent peut-être pas tous avoir l'expérience de gestion de certains, bon...

Il faut dire que Jeunesse Lambda, j'ai une affection toute particulière pour eux, est un endroit de rencontre tout à fait exceptionnel pour ceux qui légalement n'ont pas accès à un bar ou ne le désirent pas...

Le National: Parlons des points communs à toutes ces histoires-là. Des gens pensent dans des organismes communautaires qu'ils peuvent demander des sous du public et qu'ils n'ont pas justement de comptes à rendre à personne. Pour Jeunesse Lambda on ne parle pas d'argent mais on va parler de l'attitude d'un président.

Monsieur Boulerice: Je vais donner la réponse immédiate. J'ai peur que ça ne soit pas su mais moi je l'ai indiqué à de nombreuses reprises quand j'ai envoyé à des organismes le formulaire à remplir pour le "Support à l'action bénévole" qui provient de mon discrétionnaire que tout organisme qui reçoit des fonds publics est soumis au Vérificateur général de l'état!

Le National: Ça ne semble pas jamais se rendre là?

Monsieur Boulerice: Ça se rend parce que le Vérificateur général, il y a deux ans, était venu ici prendre deux ou trois organismes dont il était allé valider les comptes. Mais je voudrais toujours que les gens sachent que quand ils recoivent des deniers publics, il y a toujours une responsabilité légale qui existe.

Le National: Vous confirmez ça?

Monsieur Boulerice: Absolument.

Le National: Est-ce que ça irait pour vous jusqu'à suggérer aux organismes communautaires gais qui demandent toujours à la presse de les soutenir, de parler d'eux continuellement, mais dès qu'on veut faire une vérification de routine sur certaines choses, les portes se ferment, le journaliste est un cochon... Etes-vous prêt à demander à ces organismes de toujours collaborer avec les demandes d'information? Collaborer?

Monsieur Boulerice: En principe leur gestion doit être publique.

Le National: Oui mais personne n'applique ça vous savez. On vous a même répondu ça au Centre communautaire. Si vous vous recevez une réponse comme ça, je ne serai pas surpris de la recevoir moi-même. Que suggérez-vous aux organismes qui recoivent la visite d'un journaliste?

Monsieur Boulerice: La meilleure garantie de bonne renommée et de bonne réputation est que l'on puisse confirmer que l'on a agi selon la phrase consacrée en droit, en bon père de famille, c'est d'abord et avant tout en toute transparence.

Le National: Quel message aimeriez-vous donner aux deux ou trois organismes?

Monsieur Boulerice: Ça dépend dans quel sens on le fait. Si ça se fait dans une relation d'aide, ou pour rassurer d'éventuels bailleurs de fonds je dis que c'est à l'avantage des organismes de le faire.

Enfin, pour résumer le reste de l'entrevue, monsieur Boulerice ne s'est pas privé de faire ses commentaires sur notre travail, critiquant certains aspects mais reconnaissant la nécessité de telles vérifications d'autre part. Selon lui, Beaucoup reste à faire dans le domaine de la transparence mais avec la bonne foi des administrateurs d'organismes communautaires, le climat devrait s'améliorer.