Par Le National
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Les Boliviens se rendent aux urnes dimanche pour élire leur président de la République

LA PAZ, Bolivie (AP) - Plus de quatre millions d'électeurs boliviens se rendront aux urnes dimanche pour élire leur président, dans un pays de 8,3 millions d'habitants classé comme le plus pauvre du continent sud-américain.

L'élection présidentielle de 1997 avait porté au pouvoir Hugo Banzer, fondateur de l'Action démocratique nationale (droite) et ex- dictateur reconverti en chef d'Etat démocratiquement élu. Souffrant d'un cancer, Banzer avait démissionné en août 2001, faisant du vice-président Jorge Quiroga, qui assurait l'intérim, son successeur officiel.

Moins d'un an après la démission de Banzer et à peine deux mois après son décès, le scrutin de dimanche offre aux Boliviens le choix entre onze candidats, d'où se détachent trois hommes: Manfred Reyes Villa, un ancien capitaine de l'armée bolivienne, donné favori au premier tour, et deux autres candidats, Gonzalo Sanchez de Lozada et Jaime Paz Zamora, tous deux anciens présidents.

Comme aucun de ces trois candidats ne semble pourvoir emporter la majorité absolue exigée par la Constitution bolivienne (50% plus une voix) au premier tour, la course présidentielle trouvera sans doute son épilogue lors d'un deuxième tour indirect au Congrès bolivien. Le Parlement, dont la composition sera également renouvelée dimanche à l'occasion d'élections législatives, aura en effet la charge de voter, après d'apres négociations post-électorales, pour élire le prochain président du pays.

Il y a à peine deux mois, politologues et journalistes prédisaient la victoire haut la main du libéral Sanchez de Lozada, 71 ans, ex-président et multimillionaire, cadre du secteur minier. L'homme, connu sous son surnom "Goni", semblait alors le meilleur choix pour tirer la Bolivie hors du marasme économique. A l'époque, rien ne semblait entailler la confiance de Sanchez de Lozada, mais à la veille de l'élection, sa victoire semble désormais loin d'être assurée.

Malgré une campagne menée sur la résorption du chômage, Sanchez de Lozada (Mouvement nationaliste révolutionnaire, MNR) s'est attiré les foudres d'un électorat lui reprochant des privatisations menées pendant sa présidence (1992-1997).

Quant à l'ex-président social-démocrate (1987-1992) et figure historique du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), Jaime Paz Zamora, il paie le prix de ses alliances passées avec la droite et notamment avec l'ex-dictateur Banzer, sans compter le succès grandissant de l'extrême gauche.

Face à ces deux ex-présidents briguant un nouveau mandat, la popularité de Manfred Reyes Villa, maire de la ville de Cochabamba (centre) à quatre reprises, le transforme en un adversaire de plus en plus sérieux. L'ancien militaire bolivien, qui se présente comme le candidat de la nouveauté, a fait une campagne populiste sur les thèmes de "changement positif" et de "révolution sociale", séduisant par ses promesses de nombreux électeurs.

"L'avantage de Manfred, c'est qu'il n'a jamais été président", explique un analyste politique. "Ce qui ne veut pas dire qu'il sera un bon président. Les gens le perÁoivent comme quelqu'un qui est en dehors du système traditionnel, ce qui n'est simplement pas vrai."

Chef de la Nouvelle force républicaine (NFR), parti créé il y a six ans, Reyes Villa avait formé en 1997 une alliance avec le parti de droite, l'Action démocratique nationale (ADN), aboutissant à l'élection à la présidence d'Hugo Banzer.

Aujourd'hui, Reyes Villa, qui se présente comme un candidat du centre-gauche, surfe sur le vague populiste. Son programme demeure éclectique et vague: s'y mêlent critiques des politiciens "traditionnels", attaques contre le modèle économique libéral, promesses de doubler le budget de l'armée et de la débarrasser des homosexuels, sans compter la promotion de l'égalité des sexes, la couverture santé universelle et l'éducation.

Accusé d'avoir été le bras droit de l'ex-dictateur bolivien Luis Garcia Meza, et d'avoir torturé des Boliviens, Manfred Reyes Villa se place pourtant à la tête des derniers sondages avec 20% d'intentions de vote. Il est suivi par Gonzalo Sanchez de Lozada et Jaime Paz Zamora, respectivement crédités de 17% et 13%. La marge d'erreur serait d'environ 3%. AP

Le privilége de réplique