Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Beatriz et les corps célestes de Lucia Etxebarria

Peut-t-on remplacer une passion morte dans l'ouf par un amour tout simple ? C'est la question du deuxième roman de Lucia Etxebarria. Alors que dans le premier, best-seller mérité, elle nous présentait une furieuse version des Trois sours, l'auteur met cette fois sa plume d'anthropologue rigolote au service des amours lesbiennes.

Beatriz a follement aimé Monica, une copine de lycée, qui ne lui a pas accordé grand chose. Ensemble, elles ont déambulé dans la nuit madrilène, goûté à ses charmes et fait une indigestion de paradis artificiels. Quand sa famille juge plus prudent de l'expédier à Edimbourg, elle tombe tendrement amoureuse d'une jeune serveuse, Cat, sans parvenir à oublier la précédente histoire. Les souvenirs s'égrènent avec délicatesse, les personnages ont du corps, du relief, de l'allant, avec plein de petites défauts. Ils sont de ceux qui nous font nous reconnaître et nous mesurer. Ils nous rendent bienveillants et meilleurs. C'est exactement là que la romancière espagnole se montre habile : quiconque, de 25 à 35 ans, trouve en la lisant un écho dans ces portraits de familles névrosées et mal-aimantes qu'elle éventre avec une rare justesse.

Lire Etxebarria, c'est comme avoir une conversation entre éclats de rire et longs sanglots, avec une copine dont on se plaît à croire qu'elle sera inévitablement là dans dix ans. C'est chaleureux et lumineux, un tantinet rocambolesque, et osons le dire, ça donne une piquante position de voyeur, lucide, mais rigolard.

Cote d'amour : 90%

Laurent Galiana.