Festival d'Avignon: le "Hamlet" mis à nu par le Polonais Krzysztof Warlikowski

AVIGNON (France), 18 juil (AFP) - Krzysztof Warlikowski, metteur en scène polonais de 41 ans, a fortement impressionné mardi le public du 55e Festival d'Avignon (sud-est) avec son approche riche en interrogations et solutions originales du "Hamlet" de Shakespeare joué en polonais par le Teatr Rozmaitosci de Varsovie (jusqu'au 20 juillet).

Dans la Baraque Chabran (des anciens locaux de l'armée), au pied et à l'intérieur des murailles sud d'Avignon, les spectateurs sont installés autour d'un dispositif en carré, une sorte de ring, pour assister à la fameuse tragédie quelque peu "allégée" du prince de Danemark et privée de machinerie théâtrale, mais qui dure tout de même 2H40 avec entracte.

La scène finale avec Fortinbras venant restaurer l'ordre, est supprimée, car il n'y a pas de sauveur, pas de conclusion definitive proposée dans cette vision de la pièce.

L'apparition du spectre du roi-père assassiné et la pièce imaginée par Hamlet pour les comédiens sont traitées en évitant toute convention et, dans le cas de la seconde scène, en suggérant le reflet de ce que percoivent les protagonistes.

Le metteur en scène polonais met à nu, au propre et au figuré, le héros sous un somptueux manteau royal. Jacek Poniedzialek, le comédien qui campe le personnage d'une manière passionnelle, a même le crâne rasé. Son Hamlet est introverti, écorché vif.

Le fait de disposer le public de part et d'autre du plateau, comme s'il se reflétait, est une façon pour Krzysztof Warlikowski de rappeler que, pour lui, "Il existe des approches différentes d' 'Hamlet' ".

La pièce de Shakespeare "pose beaucoup de questions et donne peu de réponses" dit-il, sur la culpabilité de Gertrude, sur le geste criminel de Polonius, sur la possible homosexualité de Hamlet et sa relation avec Ophélie.

"C'est une pièce, ajoute-t-il, sur les incertitudes de la vie, c'est aussi tout le monde avec ses imperfections".

Le metteur en scène qui a été formé à Cracovie, à la Sorbonne et auprès de Peter Brook dont il fut l'assistant à Paris, ainsi qu'auprès de Giorgio Strheler à Milan, aime aussi rappeler qu'il n'y a pas de tradition de représentation d' "Hamlet" en Pologne, d'ou son "idée de mettre Hamlet à nu" lorsqu'il l'a monté en 1999 à Varsovie.