Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Maltraitance des animaux.

Les animaux de compagnie sont-ils maltraités ? En général « non ». Mais on est en droit de se poser la question.
Il y a deux types de maltraitance : active et passive.
Frapper son chien, en colère, est une forme de maltraitance active très fréquente. Quand cela ne se passe qu'une fois, c'est souvent excusable. Tout le monde a le droit d'avoir des sautes d'humeur, surtout quand on sait que 60% de nos chiens nous mènent une vie qui n'est pas toujours rose. Mais si cela se passe de façon répétée, c'est inexcusable et passible d'une intervention de la justice.
Il peut y avoir maltraitance sans intention de maltraitance. La pire des maltraitances n'est pas celle que l'on croit. On s'imagine des chiens battus, fouettés, et les médias ou les magazines des sociétés de protection animale nous montrent des images de chiens faméliques ou roués de coups. Tout cela existe, mais c'est une minorité. La maltraitance la plus fréquente est sournoise, cachée. C'est l'inadéquation du chien et de son milieu de vie. Prenez un Jack Russel Terrier qui a été conçu pour chasser en terrier et vous le mettez dans un appartement et lui procurez deux promenades en laisse de trente minutes par jour. Tout le monde semble satisfait sauf … de nombreux Jack Russel terriers. Ils ne sont pas faits pour si peu d'exercice. La pire des maltraitances, pouvez-vous la deviner ? Pour un chien, « ne rien faire » est épouvantable. Cela ne respecte pas son éthogramme, son besoin comportemental de base. Le chien est un animal social vivant en hiérarchie et il doit chasser pour se nourrir, apaiser le dominant pour accéder à une ressource alimentaire, à un lieu de couchage, à un partenaire social plus dominant. Ce qu'on demande à nos chiens de salon : ne rien faire en nous attendant, nous accueillir, se calmer à la demande, promener peu et attaché, est … humiliant pour un chien.

Abandons

C'est de saison. Ca sent les vacances. Que faire des chiens et des chats, oiseaux, cobayes et poissons rouges ? Les pensions sont pleines, les SPA sont complètes, les amis … partent en vacances eux aussi et ne peuvent s'occuper de nos animaux et les réseaux d'entraide et d'assistance n'existent pas chez nous. Quelques marginaux sans empathie iront abandonner leur chien ou leur chat devant une SPA ou dans un champ, iront jeter leur tortue dans un étang, laisseront s'envoler leur perruche dans les forêts avoisinantes, prétextant dans leur propos déraisonnant que l'animal aura sa chance de retourner à la nature, à l'état sauvage. C'est une maltraitance punissable par la loi.
Voulez-vous être honnête avec votre chien, votre chat ? Voulez-vous vraiment lui donner une chance ? Il n'a pas demandé à venir dans votre famille ! Il essaie de survivre à notre … humanité. Alors, si l'animal n'est pas la peluche que vous espériez, amenez le gentiment, humainement, dans une SPA et dites la vérité. Le chien vous ennuie, le chat vous incommode ; ils ne correspondent pas à l'image que vous en aviez ; plus vous direz la vérité, plus l'animal aura de chances à être replacé dans une famille accommodante, qui pourra l'adopter en connaissance de cause.

Munchausen

Dans le cas de maltraitance, le plus rare mais aussi le plus spectaculaire est une pathologie psychiatrique humaine : le syndrome de Munchausen par procuration. Il s'agit de propriétaires qui maltraitent leur animal de façon consciente et volontaire pour obtenir de l'attention médicale. Ils feront à leur chien des injections d'insuline, ils lui donneront du sable dans son alimentation, ils lui feront des brûlures, … afin de réaliser de la consommation de médecine vétérinaire, seule source d'attention qu'ils obtiennent dans leur vie quotidienne. Ces personnes sont malades et ont besoin de toute votre compréhension, malgré la maltraitance dont l'animal est l'objet. Par contre, ils ont besoin de soins de professionnels de la santé mentale.


Dr Joël Dehasse
Médecin vétérinaire comportementaliste