Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


L'alcool bénéfique pour la santé ... À très petites doses

PARIS (AP) -- Cirrhose du foie, cancers, troubles du système nerveux, la consommation excessive d'alcool est dangereuse pour la santé: 23.000 personnes en meurent chaque année en France. Une expertise collective de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), rendue publique jeudi, montre que seule une consommation modérée peut avoir un effet protecteur.

Ainsi, soulignent les experts, c'est seulement après 45 ans, et pour des consommations modérées, que les études ont mis un évidence un effet protecteur de l'alcool sur la survenue de maladies cardiovasculaires. Selon les résultats, le risque de survenue d'une maladie coronarienne (infarctus du myocarde par exemple) diminue entre 10% et 50% chez les consommateurs d'alcool. Mais attention: toutes les études montrent que ce risque décroît tant que la consommation ne dépasse pas les 20 grammes par jour chez l'homme (deux verres environ), 10 à 20 grammes par jour chez la femme.

Pour des consommations supérieures, les résultats divergent et ne permettent pas d'affirmer l'effet bénéfique de l'alcool sur le risque cardiovasculaire.

Par ailleurs, ajoutent les experts, l'effet protecteur ne semble pas lié à un type particulier de boisson alcoolisée (vin, bière et spiritueux semblent agir de la même manière, suggérant ainsi que l'effet bénéfique repose sur l'éthanol lui-même).

Chez les plus de 60 ans, les résultats d'une étude française suggèrent le rôle bénéfique d'une consommation modérée d'alcool sur le maintien des fonctions cognitives (mémoire, attention, capacité à résoudre un problème...), uniquement chez les femmes. Une autre étude française, également réalisée chez les plus de 60 ans, indique, quant à elle, que les consommateurs modérés auraient moins de risques de développer des signes de démence ou la maladie d'Alzheimer.

La plupart des pathologies liées à une consommation excessive et régulière d'alcool sont le résultat d'une intoxication de l'organisme durant plusieurs années, soulignent les experts selon lesquels ''il faut en moyenne entre 20 et 25 ans pour qu'un consommateur excessif développe un jour une cirrhose. Une consommation importante d'alcool qui débute à l'adolescence ou chez un jeune adulte ne manifestera ses principaux effets que des années plus tard, principalement après 45 ans''.

Après 45 ans, la mortalité liée à l'intoxication alcoolique chronique représente 20 à 25% de l'ensemble des décès masculins entre 45 et 64 ans en France. A en croire les experts, la relation entre une consommation chronique d'alcool et la survenue de cancers des voies aérodigestives et de cancers du foie est clairement établie, surtout après 45 ans. De plus, la très grande majorité des cirrhoses est diagnostiquée autour de l'âge de 50 ans, et la moitié des décès causés par cette maladie surviennent entre 45 et 64 ans.

Enfin, les femmes enceintes, les patients atteints d'une hépatite virale ou les personnes génétiquement ''intolérantes'' à l'alcool sont particulièrement sensibles à la consommation d'alcool. Ainsi, les femmes enceintes qui consomment régulièrement de l'alcool prennent par exemple le risque de perturber le développement psychomoteur de leur enfant.

L'expertise ''Alcool, effets sur la santé'' -synthèse des différentes études internationales publiées sur ce sujet-, a été menée à la demande conjointe de la Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés (Cnamts), du Comité français d'éducation pour la santé (CFES) et de la Mission interministerielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie (Mildt).