Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


Se goinfrer et perdre du poids: peut-être bientôt une réalité

WASHINGTON (AP) -- Manger à volonté des pâtisseries et des plats riches en calories tout en... perdant des kilos. Ce sera peut-être un jour possible grâce à une technique expérimentée sur des souris, selon une étude américaine publiée vendredi dans la revue ''Science''.

Les chercheurs de la Faculté de médecine Baylor à Houston ont bloqué une enzyme baptisée ACC2 chez des souris. Ils ont constaté que les cobayes pouvaient manger beaucoup plus que les autres souris tout en pesant 10% à 15% de moins.

''Si ça marche sur l'homme comme chez la souris, je suis preneur'', souligne malicieusement Salih Wakil, principal auteur de l'étude. ''Ce pourrait être une aubaine pour les personnes qui passent beaucoup de temps devant la télé. Ils pourraient s'asseoir dans leur fauteuil et quand même perdre du poids''.

Après avoir identifié un gène qui produit l'ACC2, les chercheurs ont ''fabriqué'' des souris qui en étaient dépourvues. Ils ont ensuite laissé les spécimens manger autant et aussi longtemps qu'ils le voulaient. Un groupe témoin de souris normales a été nourri de la même manière.

Bien qu'ils aient mangé environ 40% plus que les souris du groupe témoin, les cobayes modifiés génétiquement ont perdu du poids. ''Ils sont en très bonne santé et paraissent aussi actifs que les souris témoin'', souligne M. Wakil.

Une analyse montre que l'inhibition de l'ACC2 a conduit les cellules, notamment celles des muscles et du coeur, à brûler la graisse rapidement. ''La quantité de graisse stockée par les spécimens est moitié inférieure que chez les souris du groupe témoin, bien que les premiers consommaient 20% à 40% plus de graisse'', note M. Wakil.

La prochaine étape est la mise au point d'une pilule pour inhiber l'ACC2. Elle devra d'abord être testée sur des souris puis sur des animaux plus évolués, comme le singe. Si tout se passe bien, la pilule pourra être expérimentée sur l'homme d'ici cinq ans.

Dans tous les Etats-Unis, les laboratoires traquent le médicament miracle qui permettrait d'enrayer l'épidémie d'obésité qui frappe le pays. Selon les Centres américains de contrôle des maladies (CDC), 61% des Américains affichent un excédent pondéral et 26% sont obèses.

Des chercheurs ont déjà identifié des gènes qui influencent l'appétit et des protéines qui restreignent le stockage des graisses.

Deux experts indépendants, le Dr Neil Ruderman du Centre médical de Boston et le Dr Jeffrey Flier de l'hôpital Beth Israel Deaconess également à Boston, ont analysé la nouvelle étude pour ''Science''. Selon eux, elle montre que le malynyle CoA, une enzyme activée par l'ACC2, ''est un régulateur crucial du métabolisme de la graisse et de l'équilibre énergétique''.

''Quel que soit le mécanisme, l'inhibition de l'ACC2 pourrait être un objectif plausible pour la mise au point de nouveaux traitements contre l'obésité'', ajoutent-ils. Cette dernière entraîne des problèmes cardio-vasculaires et du diabète.