Par Le National
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L'abbé Bissey: Un pervers sexuel pédophile, selon les experts psychiatres.

CAEN (AP) -- Au quatrième jour du procès pour pédophilie de l'abbé René Bissey devant les assises du Calvados à Caen, les experts psychiatres sont venus témoigner jeudi à la barre, estimant que l'accusé est un ''pervers sexuel pédophile authentique'', qui pense ''avant tout à lui''.

Pour le docteur Louis Anne, un des spécialistes désignés pour étudier la personnalité de l'abbé accusé de viols et agressions sexuelle sur 11 jeunes garçons, nul doute: ''M. Bissey est un pervers sexuel pédophile authentique''. Il fait preuve d'une ''absence totale de moralité, de culpabilité'' et d'une ''indifférence totale par rapport à ses victimes. Il fait face à la situation mais ce n'est pas un malade''.

Le Dr Philippe Leurteau, chargé d'une contre-expertise, a lui insisté sur le caractère obsessionnel que revêtent pour l'accusé les choses du sexe, et sa façon crue de les percevoir. ''Cet homme ne se considère pas comme anormal, il est intelligent, calculateur et pense avant tout à lui avant de penser aux victimes''.

Seul élement positif pour l'accusé, qui n'a pas exprimé la moindre émotion, ''il est tout de même gêné d'avoir abusé de la confiance des parents'', a ajouté le Dr Leurteau.

Auparavant, magistrats et jurés avaient entendu le témoignage du Dr René Girard, qui vit en septembre 1998 Yann, une des victimes de l'abbé Bissey. Alors âgé de 22 ans, Yann, au bord du suicide, venait de révéler à la police les actes pédophiles et les agressions sexuelles du curé dont il avait souffert pendant près de huit ans.

''Malgré l'ancienneté des faits, il est ressorti de cette entrevue un désarroi émotionnel très important, frappé d'un sentiment de culpabilité'', a expliqué le Dr Girard.

Yann ''n'avait pas seulement l'impression d'avoir été sali'', mais celle aussi ''de ne plus s'appartenir''. Le jeune homme s'est retrouvé ''pris dans une relation de laquelle il n'a pas pu se dégager. Yann m'a parlé de sa dépendance physique, de sa dépendance sexuelle''. Le jeune homme, qui assiste à toutes les audiences depuis le début du procès lundi, tenait son visage entre ses mains.

''Pensez vous que ce procès mettra un point final à son drame?'', a lancé un avocat de la partie civile. ''Non, mais, cela l'aidera, je reste optimiste pour son avenir, il a les moyens de s'en sortir mais il devra être aidé'', a répondu le psychiatre. Alors, pour la première fois depuis le début du procès, Yann a esquissé un léger sourire.

L'audience se poursuivait avec les plaidoiries, dans l'après-midi, des avocats de la partie civile.