Par Le National
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Wowereit, premier grand maire allemand à afficher son homosexualité

BERLIN, 16 juin (AFP) - Le social-démocrate Klaus Wowereit, qui est devenu samedi maire de Berlin jusqu'à de prochaines élections anticipées, est le premier homme politique allemand d'envergure à avoir affiché sans détour son homosexualité.

A 47 ans, cet homme encore inconnu du grand public il y a quelques jours, doit désormais incarner le renouveau dans la capitale allemande, devenant brusquement l'une des étoiles montantes du SPD, avec la bénédiction du chancelier Gerhard Schroeder.

Coupant l'herbe sous le pied à de possibles détracteurs, M. Wowereit a reconnu être homosexuel, dimanche dernier, lors d'un congrès extraordinaire du SPD berlinois, qui l'avait intronisé candidat au poste de bourgmestre et ministre-président de la Ville-Etat régional.

Sous les applaudissements des 313 délégués, il a lancé: "Je vais vous dire une chose sur ma vie privée. Je suis homosexuel et c'est aussi bien comme ça. Je n'ai jamais mené de politique homosexuelle, mais je fais de la politique en tant qu'homosexuel". Une déclaration qui a créé la surprise à en juger par les titres de la presse allemande le lendemain et a tué dans l'oeuf toute campagne éventuelle de la part des chrétiens-démocrates, avec lesquels le SPD berlinois a rompu un gouvernement de coalition qui tenait depuis 1991.

Pour imposer "un changement de mentalité" à la ville, embourbée dans un scandale financier et des affaires de corruption, le président du groupe parlementaire berlinois du SPD depuis décembre 1999 préconise des économies drastiques.

Un credo qu'il a déjà fait sien depuis le milieu des années 1990, alors que ces mesures étaient encore nettement impopulaires au sein de son propre groupe parlementaire. Suppression de postes voire licenciements secs dans l'administration et les firmes publiques, privatisation d'entreprises appartenant à la Ville-Etat : un cortège de mesures selon lui nécessaire pour redresser les finances de la capitale qui vit depuis longtemps au-dessus de ses moyens.

Né dans un milieu modeste à Berlin-ouest en 1953, entré à 18 ans au SPD, il ne ressemble pourtant pas vraiment aux cadres du SPD berlinois, qui ont gouverné l'ouest de la ville pendant toute la période de la Guerre froide.

Il n'en a pas la mentalité dite "de ville du front", qui se voyait comme la tête de pont du monde occidental contre le monde communiste. M. Wowereit n'hésite ainsi pas à briser le tabou d'une éventuelle alliance avec les communistes rénovés (PDS), héritiers directs de l'ancien parti totalitaire de RDA, le SED, devenu un partenaire incontournable après la rupture de l'alliance avec la CDU.

Ce fils né hors mariage d'une blanchisseuse, veuve de guerre, a dû se battre pour gravir les échelons. "Mon père n'a jamais été présent dans ma vie", avoue-t-il. Son frère aîné l'a en tout cas aidé à financer ses études de droit. Conseiller d'arrondissement d'un quartier ouest-berlinois en 1984, il devient vice-président du groupe parlementaire SPD berlinois en 1995.

Pendant son temps libre, cet homme au léger accent berlinois fréquente les opéras et le théâtre, joue au golf et cuisine "très bien", selon ses collaborateurs.