Par Le National
© Roger-Luc Chayer / Le National


La Table de concertation des gais et lesbiennes se penche sur la résolution du Parti Libéral du Québec quant au mariage.

La table de concertation des lesbiennes et des gais du Québec est heureuse de souligner la grand pas en avant que constitue l’adoption de la résolution en faveur du mariage des couples de même sexe, telle qu’adoptée par une large majorité des délégués au congrès du Parti Libéral du Québec en octobre 2000. Il s’agit d’une double avancée d’importance puisque c’est la première fois qu’un parti politique du Québec accepte le principe d’accorder aux couples de même sexe la sanction légale de l’État à la qualité de leur union, avec tous les avantages qui peuvent découler de cette reconnaissance officielle. C’est aussi une page importante dans le livre de l’évolution de notre société puisque c’est ce même parti qui avait introduit au Code Civil l’article réservant le mariage aux seuls couples de sexe différent, et qui se refusait encore tout récemment à quelque contact que ce soit avec nos communautés. Nous saluons avec enthousiasme le virage amorcé.

L’étape qui doit suivre est tout aussi capitale: il faudra que le Parti Libéral incorpore cette résolution à son programme politique, puis en fasse un engagement électoral lors des prochaines élections. C’est alors seulement que cette prise de position positive pourra se concrétiser en gestes concrets et en législation. Les personnes qui ont œuvré avec courage et détermination, au sein du Parti, méritent nos félicitations et notre reconnaissance, particulièrement dans le contexte où elles ont obtenu l’appui des congressistes à l’arraché. Nous les encourageons à poursuivre leurs efforts dans le même sens afin que nous puissions compter dans un avenir rapproché sur l’une des formations politiques les plus importantes du Québec pour que soit abolie la discrimination à ce niveau primordial.

Il importe en effet de constater le chemin qui reste à faire pour que nous dépassions les acquis des lois 32 (du Québec) et C-23 (du fédéral): ces législations ne donnaient aucun statut légal aux couples de même sexe. C’était un pas d’envergure, car les gouvernements acceptaient enfin ainsi de mettre fin à de nombreuses injustices en reconnaissant aux unions de fait homosexuelles les droits accordés aux unions de fait hétérosexuelles. Mais cela n’a rien réglé des nombreuses discriminations qui persistent comme, par exemple: le veuf ou la veuve privé de l’héritage de son conjoint à moins qu’il y ait testament, l’absence de droit aux soins en cas de maladie grave du conjoint (bien plus, on peut même se voir privé du droit d’entrer dans la chambre de son compagnon ou de sa compagne de vie alors pourtant qu’il (elle) est en train de mourir). Lorsqu’un couple se sépare, ou lorsque l’un des deux décède, celui ou celle qui n’aurait pas signé le bail n’a aucun droit de conserver le logement où il habite pourtant, et ce possiblement depuis de nombreuses années. Autant d’injustices criantes, et bien d’autres, auxquelles la possibilité de se marier mettrait fin pour les couples qui opteraient pour cette approche.

Il faut féliciter enfin le Parti Libéral pour avoir opté directement pour le Mariage, et non l’Union civile, ou autre expédiant en parallèle à la sacralisation de l’union accordée par l’État aux couples de sexe différent. C’est là où nous devrons aller ultimement, et nous sommes heureux de saluer la vision de ceux qui ont porté le projet jusqu’ici en visant droit au but. Souhaitons qu’ils réussiront à le mener jusqu’à la ligne d’arrivée, et quoiqu’il arrive nous les remercions pour avoir réussi à faire gravir à notre société une marche de plus vers l’acceptation de notre différence, loin en avant de la tolérance où nous en sommes encore.

Pierre Valois

Président