Par Le National
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La Russie craint une épidémie massive de tuberculose liée au VIH

Des médecins russes tirent le signal d'alarme. L'augmentation du nombre d'infections par le VIH en Russie fait craindre une épidémie de tuberculose dans les prochaines années. Seules des mesures rapides et agressives permettront d'éviter une explosion des cas de tuberculose.

Une équipe de médecins menée par le Dr Boris Kazionny expose dans le Lancet du 3 novembre la situation préoccupante de la Russie face à la tuberculose. On assiste actuellement à une recrudescence massive de la tuberculose dans le monde et particulièrement en Afrique sub-saharienne. La cause principale est la pandémie de VIH/SIDA, qui facilite grandement la propagation de la tuberculose chez ces sujets immunodéprimés.

L'équipe de Kazionny est basée en Russie et étudie l'évolution de la tuberculose et du VIH dans le cadre d'un projet international. La région suivie par ces chercheurs comporte environ 900.000 habitants résidant dans leur grande majorité en milieu rural.

Le programme de contrôle de la tuberculose dans cette région a montré des résultats prometteurs, souligne Kazionny. Néanmoins, l'expansion de l'épidémie de VIH/SIDA fait craindre une large épidémie.

En effet, ces auteurs ont montré que la séroprévalence pour le VIH-1 a été multipliée par 33 au cours des quatre dernières années dans cette région. Il faut souligner que 85 % des personnes testées étaient des consommateurs de drogue par injection. La croissance du nombre de cas, déjà visible dans les zones urbaines, s'étend donc désormais aux régions rurales.

Lorsque l'on sait qu'environ 26 millions de personnes sont déjà infectées par la tuberculose en Russie (soit une sur six), l'épidémie de VIH pourrait avoir des conséquences dramatiques en termes de santé publique.

"L'épidémie en est encore à son début et des mesures de prévention initiées maintenant pourraient limiter sa croissance", commentent Kazionny et ses confrères. Les campagnes d'information sur le VIH et les pratiques à risque doivent être développées parallèlement à la promotion du dépistage. Le traitement et les recommandations pour la prise en charge de la tuberculose chez les porteurs du VIH devront également être renforcés, ont souligné Kazionny et al..

"La Russie pourrait être capable d'éviter un véritable désastre pour la santé publique en poursuivant cette prévention et les mesures de confinement; cependant, c'est le moment d'agir, avant que cette opportunité ne soit perdue", concluent ces médecins.

Source : Lancet 2001;358:1513-4.