Par Le National
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Le MIT a développé un test instantané de détection de la fièvre aphteuse qui pourrait servir au SIDA

NEW YORK, 23 mai (AFP) - Un chercheur du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) a développé par génie génétique un test instantané permettant la détection de la fièvre aphteuse.

Todd Rider, membre du Laboratoire Lincoln du MIT, travaille depuis quatre ans, grâce à des financements de l'armée américaine, à la création d'une méthode sûre et rapide de détection de toutes sortes de bactéries et de virus, baptisé "projet Canary".

Par génie génétique, il est parvenu à mettre au point un test qui a permis, avec un taux de réussite de 100%, de détecter en 25 secondes la présence dans un échantillon de traces de la souche américaine de la fièvre aphteuse. Il estime qu'il pourrait en moins d'un an adapter son test à la souche européenne.

"Les méthodes classiques pour détecter les virus ou les bactéries ne sont ni très rapides ni très fiables en comparaison du système immunitaire du corps, les globules blancs du sang" a précisé M. Rider, joint au téléphone depuis New York.

"Alors j'ai eu l'idée d'utiliser des cellules de globules blancs et de faire appel à l'électronique pour mettre au point un nouveau type de senseur afin de détecter bactéries et virus".

"Nous avons modifié par génie génétique des cellules B, qui sont capables de détecter les bactéries et les virus pour leur faire détecter ceux qui nous intéressent".

Le coup de génie de Todd Rider et son équipe a été d'ajouter à ces cellules issues des globules blancs un gène provenant d'une espèce de méduse qui a la propriété d'être fluorescente: ainsi, "la cellule va briller dès qu'elle sera en présence d'une bactérie ou d'un virus qu'elle reconnait".

"Nous pouvons avoir différents types de cellules capables de détecter différentes choses", a-t-il ajouté. "Et il suffit de voir quelle cellule devient fluorescente pour savoir de quoi il s'agit".

Les premiers tests sur la souche américaine de la fièvre aphteuse, menés il y a un an, ont démontré un taux de succès absolu. "Si les cellules sont mises en présence du virus de la fièvre aphteuse elles brillent en trente secondes ou moins", assure le chercheur. "C'est très rapide, en comparaison de ce qui existe sur le marché, et très précis. Il n'y a pas de fausses alertes".

Le laboratoire Lincoln travaille actuellement à l'adaptation du test à la souche européenne de fièvre aphteuse, qui ravage les campagnes anglaises, ce qui pourrait prendre de six mois à un an.

Ces recherches ont été financées, à raison d'environ un million de dollars par an, par la DARPA, une agence du département américain de la Défense spécialisée dans les nouvelles technologies (c'est elle qui a par exemple financé les balbutiements de ce qui allait devenir internet). "Ils sont bien sûr intéressés par les applications possibles en matière de guerre bactériologique", précise M. Rider.

Des tractations sont en cours avec des groupes industriels, très intéressés par l'invention. Et type de test pourrait facilement être adapté à la détection du virus du SIDA, précise le chercheur.

A plus long terme, cette invention pourrait permettre aux malades d'entrer dans le cabinet de leur médecin, tousser dans un appareil et disposer d'un diagnostic instantané.