Par Le National
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Italie: La polémique sur le World Gay Pride se poursuit.

par Steve Pagani

ROME (Reuters) - En décidant de retirer son soutien politique - mais non financier - à la "World Gay Pride 2000", le maire de Rome Francesco Rutelli s'est attiré les railleries de sa majorité de gauche, ne trouvant un soutien que du côté de l'extrême-droite.

L'affaire de la World Gay Pride, qui coïncide avec la venue cet été au Vatican de milliers de pèlerins qui célébreront le Jubilé de l'an 2000, soulève l'opposition du Vatican et des partis de droite.

Le Vatican a demandé à ce que l'événement soit reporté ou déplacé dans une autre ville, tandis que les dirigeants de l'Alliance nationale (extrême-droite) réclament l'annulation de la manifestation.

La communauté juive est entrée dans le débat mardi en apportant son soutien au rassemblement. "Nous voulons exprimer notre solidarité (...) et notre malaise face à ceux qui, dans les camps de la mort -eux avec leur étoiles roses et nous avec nos étoiles jaunes- ont subi des horreurs indescriptibles", déclare le président des communautés juives italiennes, Amos Luzzatto, dans le quotidien Il messagiero.

Le respect des minorités est une marque de civilisation, ajoute-t-il.

Francesco Rutelli, membre du parti démocrate (centre-gauche), a annoncé lundi qu'il retirait son soutien officiel au rassemblement, affirmant que les organisateurs de la World Gay Pride refusaient de coopérer pleinement avec la municipalité.


Défile de mode près d'une église


Dans une lettre aux organisateurs, le maire précise qu'il ne peut cautionner certains événements, citant notamment un défilé de mode dans un square de Rome qui abrite une église catholique.

Le conseil municipal n'a toutefois pas retiré son soutien financier d'environ 145.000 dollars aux organisateurs.

Selon Imma Battaglia, présidente du groupe culturel homosexuel Mario Mieli, les festivités auront lieu avec ou sans autorisation de la capitale. "Tous les événements ont été organisés en tenant compte du calendrier du Jubilé" a-t-elle déclaré.

"Si ce débat a pris une telle importance, c'est parce qu'il soulève la question du rôle démocratique et laique de la république", a déclaré pour sa part la ministre (communiste) de l'Egalité des chances, Katia Belillo.

Pour le porte-parole des affaires familiales de l'Alliance nationale Riccardo Pedrizzi, la décision du maire de Rome est un premier pas "positif", en attendant une annulation pure et simple de la manifestation.

L'affaire divise même le couple Amato. L'épouse du Premier ministre, Diana, a déclaré qu'elle n'était pas d'accord avec son mari, qui a récemment provoqué un tollé en qualifiant l'événement d'"inopportun".